Association Scientifique Française de Cuniculture

Table ronde-Séance d'actualité 2009
organisée pendant les Journées de la Recherche Cunicole

Comment réduire les coûts de production ?

 

Réduction des coûts par la maîtrise sanitaire

Deux témoignages ont été présentés dans cette rubrique. Ils ont ensuite été discutés ensemble

         1 - Analyse des élevages ayant les meilleures marges et les dépenses de santé les moins importantes par B. Greffard (CA Pays de la Loire)
       2 - Mise en place d'une disposition efficace de suivi d'élevage par B. Renouf (Sanders - Syprolap)
       3 - Discussion à propos de ces deux témoignages et du rôle de la maîtrise sanitaire en général

 

1 - Analyse des élevages ayant les meilleures marges et les dépenses de santé les moins importantes

B.Greffard lors de son témoignage
Un travail d'enquête a été réalisé auprès des élevages de la région Pays de la Loire pour connaître le profil des meilleurs élevages. Avec l'appui des 5 groupements de la région et des vétérinaires de terrain, 41 élevages ont été sélectionnés parmi les 500 élevages de la région sur la base des résultats technico-économiques (poids de lapins vendus par IA). Pour éviter le biais lié aux différences de techniques entre groupements, c'est le quart supérieur des éleveurs de chaque groupement qui a été retenu dans un premier temps. Ensuite au sein de ce sous-groupe les élevages ayant le plus faible poste de dépenses consacré aux problèmes de santé a été retenu. Ils ont alors été analyses vis à vis des des bâtiments, de la protection sanitaire, de la conduite alimentaire et sanitaire
Performances des élevages retenus et de l'ensemble régional
ANNEE 2007
GTE
RÉGION
GROUPE
ENQUÊTÉ
% Mortalité des lapines par bande
3,30
3,33
% Mises Bas / Insémination
80,8
84,0
% Mortalité au nid
8,00
6,35
% mortalité engraissement
8,1
5,4
Kg vifs vendus par IA
14.84
16.74
Indice de consommation d'élevage
3,52
3,39
Descriptif rapide des 41 élevages enquêtés
    - taille des élevages : 608 IA/cycle
    - 48 % des éleveurs n’ont pas d’autres élevages
    - 54 % des cheptels ont moins de 10 ans
    - 42 % en système Tout Vide Tout Plein
- 50 % des élevages avec des cages de moins de 6 ans
- 100 % des maternités et 60 % des engraissements avec cooling pour refroidir en été
- 78 % des maternités et 66 % des engraissements avec un système de chauffage pour l'hiver

 

Les élevages ont ensuite été analysés en fonction de la protection du site, en particulier vis à vis des véhicules venant de l'extérieur

    - 35 % des élevages ne laissent pas passer les camions d’aliment et d’enlèvement devant les entrées d'air des bâtiments
    - 90 % des élevages ne laissent pas passer les camions d’équarrissage devant les entrées d'air des bâtiments
    - 76 % des élevages ne laissent pas passer les transports de fumier ou de lisier devant les entrées d'air des bâtiments
    - 88 % avec des élevages n’ont pas d’autres élevages de lapins à moins de 500 m
    - 30 % des élevages avec site protégé (chaîne…) restreignent l'accès des visiteurs

L'organisation interne des bâtiments d'élevage et la circulation intérieure ont fait l'objet d'une analyse particulière
    - 98 % des élevages possèdent un sas sanitaire
    - 83 % des sas ont deux zones
    - 95 % des élevages possèdent un lavabo
    - 85 % des éleveurs mettent une tenue spécifique avant d’entrer dans les salles
    - Dans 100 % des cas les visiteurs mettent une tenue spécifique et des pédisacs

L'eau fait généralement l'objet d'un suivi particulier : 76 % des élevages analysent l’eau de boisson distribué aux lapins au moins une fois par an et 90 % des élevages effectuent des traitement visant à améliorer la qualité de l’eau.
La gestion de l'alimentation dans les élevages a aussi été décrite : tous les élevages pratiquent un rationnement en engraissement. Ce rationnement se fait via l'eau de boisson dans 14% des cas, par la fixation des quantités distribuées dans 69% des cas et par restriction du temps d'accès dans 42% des cas (total supérieur à 100% car plusieurs méthodes peuvent être employées dans un même élevage). Enfin, dans 52% des élevages un aliment blanc (sans aucune molécule médicamenteuse) est systématiquement utilisé pendant au moins les 21 jours précédant le départ des lapins pour l'abattoir (voir le graphique ci-après)
2 - Réduction du coût de production grâce à la mise en place d’un dispositif efficace de suivi d’élevage

B. Renouf lors de la présentation de l'étude du Syprolap


Le témoignage présenté est basé sur l'analyse des performances du groupement de producteurs SYPROLAP (Syndicat des producteurs de lapins de l’Ouest).
Le suivi technique organisé au sein du groupement a 2 objectifs principaux

  • améliorer la productivité des élevages (nombre de kg vendus par IA) car c'est le levier le plus puissant pour améliorer la rentabilité des élevages
  • maîtriser les dépenses de santé car il y a une demande forte de la société pour la réduction de l'emploi des médicaments. Mais la maîtrise des dépenses de santé a aussi pour objectif de réduire le risque de "dérapage" sanitaire des élevages qui est une source potentielle de fortes pertes économiques

L'analyse des élevages les plus et les moins performants (Renaceb 2008) montre que le montant des dépenses de santé des élevages varie selon la méthode que l'on emploie pour l'évaluer (voit tableau ci-après)

 

Quintiles Renaceb 2008
le moins productif
le plus productif
- kg vendus / insémination
11,71
17,35
- Dépenses de santé
              (en €/ insémination)
1,96
2,29
- Dépenses de santé
                (en €/kg produit)
0,16
0,13

Ce suivi au sein du Syprolap est basé sur le trio : éleveur / technicien / vétérinaire
Le technicien spécialiste aliment est au centre du conseil. Il est l'interlocuteur privilégié de l’éleveur . Ce spécialiste ne fait pas tout mais c’est lui qui coordonne le plan de progrès entrepris avec les autres partenaires.
Le vétérinaire est au sein de la structure (du groupement). Cela assure une très bonne réactivité face aux problèmes d'élevage. Il agit en relation étroite avec le spécialiste aliment et l’éleveur.

Ce modèle de fonctionnement ne prétend pas être universel, mais dans le cas présent il fonctionne bien.

Actions conduites au sein du groupement :
- Mise en place et/ou aménagement de bâtiments performants: 85% des élevages sont actuellement en System’Duo permettant le fonctionnement "tout plein tout vide'
- Enquête sur les pratiques gagnantes des éleveurs les plus productifs en maternité : à partir de ces informations et paramètres ainsi récoltés, formation des techniciens et formation des éleveurs
- Bien ventiler les animaux: tous les élevages sont audités. Une ventilation bien conduite permet de réduire les dépenses de santé
- Évolution des programmes alimentaires: ce dernier type d'action a pour objectif de
          - Soutenir davantage les femelles
          - Bien distribuer l’aliment, en particulier effectuer un rationnement bien contrôlé en engraissement.
          - Proposer des solutions nutritionnelles alternatives aux antibiotiques

Résultats de ces actions pour Syprolap
- Gain de +10% du nombre de kg vendus/insémination en 2 ans
- Dans un contexte de hausse des matières premières alimentaires, le coût alimentaire n’a augmenté que de 14% entre 2007 et 2008 au sein du groupement contre +18% au plan national (Renaceb 2008)
- Des dépenses d'hygiène et santé ont été réduites par rapport à la moyenne nationale :
            - moins 17% de dépenses d'hygiène et santé exprimées en €/IA (1,87 €vs 2,25 € / IA)
            - moins 21% de dépenses d'hygiène et santé exprimées en €/ kg produits (0,12 € par kg vif vendu contre 0,153 € au plan national)

 

3 - Discussion autour de la réduction des coûts par la maîtrise sanitaire

Une critique assez générale a été faite vis à vis du premier témoignage en particulier : l'analyse descriptive du fonctionnement des élevages les plus performants souffre fortement de l'absence de "groupe témoin" (la moyenne générale ou la moyenne des "autres" par exemple) pour déterminer si telle ou telle pratique améliore réellement la situation des élevages. Il a alors été précisé que le témoignage présenté n'est que le premier volet d'une étude toujours en cours qui inclura la comparaison avec la moyenne générale, avec une ventilation fine des dépenses. L'analyse qui inclura aussi l'évolution des techniques et des résultats entre 2007 et 2009, devrait être disponible courant 2010.

 

Une discussion générale s'est ensuite engagée sur le concept de maîtrise des "dépenses de santé". Les dépenses réalisées à titre préventif ou curatif, ou celles consacrées à la désinfection ne doivent pas être simplement additionnées. Le président du CLIPP a d'ailleurs rappelé dans la discussion que les systèmes de GTE entrant dans Renalap distinguent déjà clairement les médicaments (distribués aux animaux) des autres dépenses permettant la maîtrise de la santé des animaux par les désinfections par exemple. Il a été ainsi proposé de remplacer l'idée de maîtrise des dépenses de santé par celle de maîtrise de la qualité sanitaire des élevages, un concept plus général.

 

Enfin il a été souligné que même le concept d'estimation des dépenses de santé à travers leur montant financier est un mauvais concept: ce qui compte pour les consommateurs finaux c'est la quantité et le nombre de molécules médicamenteuses qui ont été éventuellement employées (et pourquoi). C'est donc bien un travail d'amélioration de la maîtrise de la qualité sanitaire des élevage qui doit être conduit par tous. Celle-ci aura pour conséquence de meilleures performances techniques et économiques des élevages tout en assurant une plus faible utilisation des molécules médicamenteuses.
L'amélioration souhaitable de la maîtrise de la qualité sanitaire des élevages doit passer par la conception des bâtiments d'élevage, l'organisation des circulations, etc... Il serait en outre souhaitable que soient trouvés des indicateurs permettant de fixer des seuils d'alerte pour déterminer le moment opportun des interventions. En particulier, il conviendrait que les vides sanitaires ne soient plus vécus comme des échecs , mais comme des outils de la maîtrise sanitaire, mais il faut bien avoir conscience que la mise en œuvre raisonné d'un vide sanitaire dépend des capacités de réinvestissement de l'éleveur.

Suite du compte rendu de la table ronde 2009

   Réduction des coûts par la voie alimentaire
                         Réduction des coûts par la voie génétique

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