Le
rationnement quantitatif (efficacité
et modalités de suivi)
|
Dans cette partie trois témoignages
ont été présentés
1
- Témoignage présenté au nom du GEC par T. Gidenne
: Le bilan des travaux et actions actuelles
2
-
Témoignage présenté par , G. Le Houedec (Sanders)
: Bonne conduite des pesées de contrôle
3 - Témoignage
présenté par F. Tudela (Inra) et F. Lebas (Cuniculture):
Que faire des poussières et brisures daliment?
|
1
- Bilan des travaux réalisés par le Groupement d'Expérimentation
Cunicole (GEC) |
|
T. Gidenne (INRA Toulouse) a rappelé
les travaux conduits depuis 2001 par le groupement d'expérimentation
cunicole mixte "recherche + station de firmes" sur les modalités
d'application de différents modes de restriction. Ce groupe de
travail inclus les unités expérimentales de l'Inra (Toulouse),
de l'Itavi (Rambouillet) ainsi que celles de plusieurs firmes impliquées
dans la fabrication des aliments du bétail (Ccpa, Evialis, Inzo,
Primex[Unicopa] et Techna).
A titre d'exemple, ce groupe
de travail a démontré qu'un rationnement court appliqué
immédiatement après le sevrage permet de réduire
sensiblement la mortalité pendant la durée du rationnement
(graphique ci-contre). Mais si le rationnement est levé en
fin d'engraissement (entre 54 jours et l'abattage à 70 jours
dans cet essai multisites) une partie du bénéfice
de viabilité peut être perdue.
Dans cet essai, le rationnement
temporaire à 80% a classiquemement réduit un peu la
vitesse de croissance des lapins. Ainsi, à âge d'abattage
fixe, le poids moyen moyen des lapins a été réduit
d'environ 100 g. Thierry Gidenne a montré (tableau ci-dessous)
que le poids total final de la bande d'engraissement est quand même
plus élevé en raison de la plus faible mortalité
globale (12,4% vs 15,9% du sevreage à la vente). Cet effet
combiné avec le meilleur indice de consommation permet un
bénéfice global de 62 Euros pour l'engraissement d'une
bande de 1000 lapins au départ, en comparaison avec une alimentation
toujours à volonté.
|
|
|
Le GEC continue ses travaux sur le rationnement
des lapins en engraissement. Les travaux en cours portent par exemple
sur un rationnement long (entre les âges de 35 et 63 jours pour
un abattage à 70 jours) corrrespondant à une restriction
de 25% de la consommation alimentaire. Dans cet essai, l'aliment rationné
est distribué en une seule fois ( à 8h00) ou en deux fois
sur la journée (partie à 8h00 et partie à 16h30).
Les résultats devraient être prochainement disponibles.
|
2
- Bonne conduite des pesées de contrôletémoignage
présenté G. Le Houedec |
|
Une bonne maîtrise de la restriction
alimentaire nécessite un suivi régulier du poids des lapins.
Un suivi régulier du poids de d'un certain nombre lapins (10 à
12 cages pour une bande d'engraissement) permet d'ajuster le rationnement
à la situation réelle de l'élevage, ce qui est toujours
préférable au suivi d'une courbe théorique de rationnement.
Mais encore faut-il que la pesée des lapins "représentatifs
de la bande" soit réalisée dans de bonnes conditions.
G. Le Houedec (Sanders) a montré que de pesées de lapins
effectuées dans de bonnes conditions est primordial :
- les cages dont les lapins sont
régulièrement suivies doivent être représentatives
de la bande d'engraissement : répartition homogène dans
la cellule d'engraissement, lapereaux issus de lapines primipares et
de lapines primipares, etc ...
- l'équipement de pésée
(balance, peson, ...) doit être fiable et régulièrement
vérifié
- les tares doivent être
correctement prises en compte
- et surtout les lapins doivent
être pesés à heure régulière, essentiellement
en fonction de l'heure de distribution de la ration, que le contrôle
de l'ingestion alimentaire se fasse pas l'aliment ou par l'eau de boisson.
A titre d'exemple (graphique
ci-contre), le poids des lapins régulièrement pésés
4 heures après la distribution de la ration est de plus de
100 g supérieursà celui des même lapins qui
avaient été pesés avant la distribution de
la ration. Dans le cas d'un rationnement par l'eau de boisson, l'écart
entre une pesée 1 heure avant et 4 heures après l'accès
à l'eau de boisson conduit à une différence
encore plus grande de 136 g à 66 jours entre lres
deux modes de pesée.
Mais, comme le montre le calcul
du tableau suivant, ce qui est le plus important, c'est de peser
à heure régulière. Si l'éleveur fait
ses pesées au hasard du temps disponible une fois avant et
une autre fois après la distribution de la ration, cela conduit
à des sur- ou à des sous-estimation énormes
de la vitesse de croisance. La conséquence est une "rectification"
injustifié du niveau de rationnement conduisant à
une sur-alimentation de l'ensemble des lapins (dangereux pour leur
santé) ou bien à une restriction trop forte pénalisant
toute la bande.
|
|
|
3
- Que faire des poussières et des brisures d'aliment ? témoignage
présenté par F. Tudela et F. Lebas |
A la
sortie des silos de stockage, les aliments granulés contiennent
plus ou moins de farine et de brisures de granulés. De même
au cours de la distribution automatique des granulés sont
en partie brisés et des fines apparaissent dans les mangeoires.
En cas de distribution
automatique, les poussières daliment saccumulent
de préférence dans les mangeoires les plus proches
de lalimentation (4,48% contre 3,20% à l'autre extrêmité).
Que faut-il en faire ?
|
A la sortie du silo de stockage, un aliment granulé contient
classiquement de 3 à 5% de fines.
|
Lors d'un rationnement manuel
pratiqué avec des trémies classiques « à
réserve » les fines se retrouvent dans les trémies.
Lorsque les lapins consomment cet aliment, en moyenne 85 à
87% de ces fines sont éliminés par les perforations
pratiquées au fond, quelque soit le taux initial comme
l'illustre le tableau ci-dessous.
Niveau
d'alimentation
|
Taux
volontaire de fines dans l'aliment
|
Aliment
passant par les perforations du fond de trémie
|
à
volonté
|
5%
|
3,66%
|
rationné
à 80%
|
5%
|
4,33%
|
rationné
à 80%
|
10%
|
8,68%
|
rationné
à 80%
|
aucune
poussière
|
0,20%
|
|
|
|
Les
auteurs de ce témoignage se sont posé la question :
et si on gardait toutes ces fines, quelle serait la réaction des
lapins ?
|
Ils ont donc mis en place
un essai, avec 20 cages par lot et 4 lots expérimentaux suivis sur
un engraissement complet (47 jours)
- Un lot alimenté à volonté
avec laliment sans poussières (tamisé)
- Un lot rationné à 80% avec laliment
sans poussières (tamisé)
- Un lot rationné à 80% avec laliment
contenant 5% de poussières (aliment tamisé dans lequel on
a remis 5% de fines)
- Un lot rationné à 80% avec laliment
contenant 10% de poussières (aliment tamisé dans lequel on
a remis 10% de fines) |
|
Comme l'indique
clairement le graphique ci-contre, les lapins des 3 lots rationnés
à 80% ont eu exactement la même croissance, sans
aucun effet du taux de fines présent dans l'aliment.
En clair cela veut dire que les lapins ont parfaitement consommé
et valorisé les poussières présentes dans
l'aliment même au taux de 10%. Ainsi, quand
ils ont faim, cest à dire quand ils sont rationnés,
les lapins mangent aussi bien la poussière daliment
que les granulés entiers, et ils valorisent parfaitement
les deux formes.
Toutefois,
cela ne veut pas dire quil ne faudrait pas faire attention
à la friabilité des granulés, et encore
moins quil pourrait être rentable dutiliser
des aliments non granulés. En effet, dans le cas des
aliments en farine, il y a des dé-mélanges et
surtout un tri de la part de certains lapins aux dépens
des autres et beaucoup plus grave, aux dépens de leur
santé (les lapins ne mangent pas volontiers les fibres
qui leur sont pourtant indispensables).
|
|
|