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17 mars 2022
- Journée d'étude ASFC «Nantes - Ombres & Lumières»
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Marie
BOURIN * et Michel COLIN **
* ITAVI, URA - INRA Centre Val de Loire, 37380 NOUZILLY
** COPRI, Coat Izella N°2, 29830 Ploudalmézeau (France).
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1.
Introduction |
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Lors du congrès
mondial de 2022 à Nantes, 14 publications dont 1 synthèse
ont été présentées dans la session "
Qualité des produits " soit une confirmation de la diminution
du nombre de publications (Tableau 1). Celles-ci provenaient de seulement
7 pays, nombre également en retrait par rapport aux précédents
congrès, y compris celui de Qingdao :7 pour l'Italie, 3 pour l'Espagne,
3 pour la Hongrie, 2 pour le Portugal, 2 pour la France, 1 pour le Mexique,
1 pour la Belgique. (Le total de ces nombres est supérieur à
14 car plusieurs publications résultaient de la collaboration d'équipes
de nationalité différentes comme par exemple l'Italie et
la Hongrie).
Plusieurs thèmes ont été abordés, souvent
en relation avec d'autres thématiques. La synthèse traitait
de l'évolution de la consommation de la viande de lapin notamment
en rapport avec la vision croissante du lapin comme animal de compagnie,
4 publications traitaient de l'effet de la génétique sur
la qualité de la viande et de la carcasse, 4 autres de l'influence
de l'alimentation et 2 de celle de la chaleur. La composition en acides
gras de la viande de lapin a fait l'objet de 6 publications. Enfin, une
publication traitait de la technologie des burgers à base de viande
de lapin et une dernière des effets du stress oxydant (Là
encore, le total de ces nombres est supérieur à 14 car une
même publication peut traiter de plusieurs sujets). On peut rajouter
aux publications de la partie Qualité des produits une communication
de l'équipe de Kaposvar en Hongrie sur les motivations de consommation
de la viande de lapin et une table ronde sur le rendement à l'abattage
rapportant les résultats d'une étude réalisée
aux Pays-Bas.
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Tableau 1 :
Nombre de communications sur la viande, présentées lors des
précedents congrès (mis à jour à partir de l'analyse
de Bourin et Davoust , Ombres & Lumières 2016) |
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Années
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2000
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2004
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2008
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2012
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2016
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2021
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Nombre
de communications
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20
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19
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32
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22
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16
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14
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%
ensemble des communications
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8,8
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8,2
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11,3
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10,8
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7,3
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7,7
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Nombre
de pays (1er auteur)
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6
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8
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11
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8
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9
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7
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a
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2.
La viande de lapin : une source precieuse de nourriture ou un animal trop
mignon pour être mangé ? |
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Leroy et Petracci, (Belgique et Italie), dans leur rapport invité,
ont présenté un point de vue intéressant sur l'évolution
de la consommation de
la viande de lapin au sein des pays occidentaux.
La viande de lapin a un long héritage culinaire, étant l'élément
principal de divers plats traditionnels dans le monde entier, en particulier
dans la région méditerranéenne. Ainsi, on trouve
des plats populaires à base de viande de lapin en Espagne, Italie,
en France et en Flandre, par exemple. Ce statut d'aliment traditionnel,
et toute l'histoire qui l'accompagne, est en principe très apprécié
par les consommateurs contemporains. Cette valeur de la tradition était
particulièrement vraie pour la viande et les différents
produits et plats qui en sont dérivés, car ces aliments
ont un capital bioculturel important et sont sans doute parmi ceux qui
ont le plus long historique de transformation et de consommation. Les
lapins sont ainsi une ressource animale précieuse, fournissant
de la viande, de la fourrure et de la laine. Étant donné
que le besoin d'une alimentation durable et saine est l'un des principaux
défis mondiaux, ils ont beaucoup de potentiel à offrir et
l'expansion de leur élevage mérite d'être explorée
davantage, en particulier dans les zones défavorisées. La
viande de lapin offre des protéines de qualité, est riche
en une variété de micronutriments et souffre moins des contraintes
religieuses dans le monde que le porc ou le buf. Sa production à
petite échelle offre une grande flexibilité, y compris dans
les scénarios urbains, et - si elle est bien menée - elle
peut être intégrée durablement dans les systèmes
alimentaires du futur (Leroy et Petracci, Belgique et Italie).
Cependant, au cours des dernières décennies, la signification
de la viande a été confrontée à de nombreuses
turbulences sémiotiques. D'un élément alimentaire
nutritif au centre du repas occidental, indiquant le plus souvent la santé
et la vitalité, elle est en train de devenir un élément
anxiogène en raison de ses liens présumés avec les
maladies chroniques, les craintes alimentaires, les questions de bien-être
animal et la détérioration de l'environnement. Bien qu'il
soit contre-productif de se focaliser excessivement sur le binaire végétal/animal
lorsqu'on parle de régimes alimentaires sains et durables (on peut
trouver de bonnes et de mauvaises pratiques de part et d'autre de la ligne
de partage) et bien que les preuves à l'appui des conseils diététiques
préconisant une restriction de la consommation de viande aient
été identifiées comme trop faibles pour permettre
des recommandations fortes, il semble que nous soyons aujourd'hui confrontés
à un tournant épistémique qui se tourne de plus en
plus vers les aliments d'origine animale selon des critères moraux.
Le principal obstacle à la consommation de viande de lapin semble
être l'attrait émotionnel qu'il suscite en raison de la perception
du caractère mignon du lapin, en particulier dans les milieux urbains
occidentaux qui n'ont pas ou peu de tradition gastronomique de plats à
base de lapin. Bien que l'anthropomorphisation des animaux soit une tendance
générale qui affecte négativement le rôle du
bétail dans l'alimentation humaine, les lapins semblent être
particulièrement vulnérables à ce problème.
Leur gentillesse perçue en particulier peut conduire à des
réponses émotionnelles difficiles à concilier avec
les sensibilités du paradigme post-domestique. De tels effets compromettent
l'acceptabilité de la viande de lapin dans les sociétés
occidentales contemporaines caractérisées par des interactions
homme-animal problématiques et une déconnexion de la chaîne
alimentaire. Surtout les populations jeunes et urbaines semblent maintenant
avoir des difficultés face à l'idée que la production
de nourriture nécessite l'abattage d'animaux en général
et de lapins en particulier (Leroy et Petracci, 2021).
En conséquence, une source alimentaire
traditionnelle risque de devenir non pertinente malgré sa valeur
nutritionnelle élevée et son potentiel de production de
viande durable, pour des raisons plus émotives que rationnelles.
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3. La
strategie alimentaire pour ameliorer la composition corporelle |
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Lors du congrès, 3 publications montrant les effets de l'alimentation
sur la composition corporelle du lapin ont été présentées.
Dans cette synthèse, seules deux d'entre elles seront citées,
la 3ème portant sur l'intégration de sous-produits de grenade
fournissant des informations incomplètes tant dans le matériel
et méthodes que dans la présentation des résultats.
Elle sera seulement analysée au niveau de l'effet sur la composition
en acides gras de la viande.
Ribeiro et al (Portugal) ont évalué l'effet combiné
du sexe et d'une restriction alimentaire modérée pendant la
période d'engraissement sur les caractéristiques de la carcasse.
L'expérimentation a été conduite sur 24 lapins (12
mâles et 12 femelles) de race Néo-Zélandais x Californien
de 62 jours d'âge au départ de l'essai, et sur une période
de 3 semaines. Les lapins ont été logés individuellement
et répartis aléatoirement entre les deux traitements. Le premier
groupe a reçu un aliment granulé commercial non médicamenteux
à volonté (groupe ad libitum) et le second groupe a reçu
ce même aliment avec une restriction de 20% par rapport au groupe
ad libitum (groupe rationné).
Il a été montré dans cet essai que la restriction alimentaire
n'avait pas eu d'effet significatif sur le poids à l'abattage, à
la différence du sexe, avec le poids d'abattage des mâles significativement
plus élevé que celui des femelles : 2676 vs 2509 g
(P<0,05). Ni l'alimentation ni le sexe n'ont significativement influencé
le rendement à l'abattage (51,4% en moyenne) ou la couleur de la
viande. La restriction alimentaire a eu un effet significatif sur la proportion
de graisse totale dans la carcasse (réduction de 29%, de 1,87 à
1,33 g/kg de carcasse pour le groupe rationné). Le sexe de l'animal
a également influencé de manière significative certains
paramètres (P<0,05). Chez les mâles, on note une augmentation
du poids d'abattage (+ 167 g) et du poids musculaire de la patte arrière
(+ 13,2 g ; + 7 %) et une diminution de l'avant de la carcasse (22,7 vs
24,6 %).
La restriction alimentaire a eu une influence positive sur la réduction
de la teneur en gras de la carcasse mais n'a pas influencé les autres
paramètres. En ce qui concerne le sexe, les femelles avaient un poids
vif plus faible, mais le poids du muscle de la patte arrière était
plus élevé, ce qui pourrait améliorer le rendement
à la transformation.
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Luis-Chincoya et
al.(Mexique) ont évalué l'effet de deux sources de zinc
sur la croissance, la qualité de la viande et le dépôt
musculaire chez des lapins Néo-Zélandais Blanc pendant la
phase d'engraissement. En effet, le zinc est impliqué dans la croissance
normale des animaux. Par conséquent, il est supposé que la
supplémentation en zinc améliore les caractéristiques
de la carcasse et de la viande des lapins. Pour répondre à
l'objectif de l'étude, 100 lapins âgés de 35 jours ont
été utilisés. Les traitements consistaient en : T1=
un régime de base (BD) sans zinc additionnel, T2= BD+ 25 ppm Zn (ZnSO4),
T3= BD+ 75 ppm Zn (ZnSO4), T4= BD+ 25 ppm Zn (Zn-Methionine) et T5= BD+
75 ppm Zn (Zn-Méthionine). La période d'essai a été
de 30 jours. La teneur en zinc a été déterminée
dans le sérum, le foie, le râble et la cuisse des lapins de
chacun des 5 lots. Les résultats n'ont montré aucune différence
entre lots dans les caractéristiques de croissance (Tableau 2) ou
les caractéristiques de la cuisse.
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Tableau 2 :
Effet de la supplémentation en Zinc sur les performances de croissance |
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Par contre pour le
râble, la coloration de la viande a été modifiée
par la source de zinc et la teneur en collagène a été
plus élevée avec le zinc d'origine minérale (P=0,032).
L'addition de zinc à l'aliment a significativement réduit
(P=0,03) la teneur en zinc du sérum. Par contre l'addition de zinc
à l'aliment, en particulier 25 ppm, a augmenté la teneur en
zinc du râble (Tableau 3).
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Tableau 3 :
Teneur en Zinc dans les différentes parties du corps des lapins
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La
supplémentation en zinc favorise la croissance et la source biologique
de ce zinc a un effet sur la couleur de la viande. Le niveau de 25 mg/kg
de zinc améliore le dépôt de cet élément
dans le râble des lapins en engraissement. Il est cependant à
noté que dans le cadre de cette étude, les niveaux de zinc
administrés sont très en deçà de ceux couramment
utilisés en pratique à savoir 100 à 125 ppm. En outre,
cette expérimentation étudie uniquement le rôle du zinc
sur les performances de croissance et sa teneur dans la viande mais compte
tenu des faibles effectifs n'apporte aucune information sur la santé
digestive des lapins. Or ce minéral a un rôle important à
ce niveau.
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4.
Effet de la température sur la composition corporelle |
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L'effet de la température ambiante a été évaluée
sur les performances de production et les caractéristiques de la
carcasse des lapins en croissance (Matics et al., Hongrie et Italie)
et sur les caractéristiques de qualité de la viande de lapins
sélectionnés de manière divergente pour la teneur en
graisse corporelle totale (Cullere et al, Italie et Hongrie).
Dans la première étude, l'effet de la température ambiante
(20°C vs 28°C) a été évalué sur
les performances de production et les caractéristiques de la carcasse
des lapins en croissance de 3 génétiques différentes
: Pannon Ka (PKa), Pannon White (PW) et Pannon Large (PL). Les lapins étaient
hébergés dans deux salles identiques dont la température
était contrôlée par climatisation avec une moyenne de
20°C dans la salle témoin et de 28°C dans la salle test.
Dans l'ensemble, la température ambiante a influencé de manière
significative les performances de production et les caractéristiques
de la carcasse des lapins en croissance. À des températures
élevées, la prise alimentaire et le gain de poids étaient
plus faibles, mais l'indice de consommation s'est amélioré
(Tableau 4). Ces performances de production étaient différentes
en fonction de la génétique, les lapins PL ont eu les meilleures
performances de croissance quelle que soit la température et les
lapins PKa les moins bonnes. A 28°C, les lapins PW ont des performances
similaires à celles des lapins PKa. Il est à noter que les
lapins PL ont consommé plus d'aliments aux deux températures
mais pour autant leur taux de conversion alimentaire était meilleur
que celui des deux autres races (Tableau 4).
A température élevée, le rendement à l'abattage
des trois génotypes était meilleur qu'à 20°C. et
il était plus élevé chez les lapins PW que dans les
autres génotypes (à 20°C : 60,4 %, 61,2 % et 60,6 % et
à 28°C : 61,1 %, 62,4% et 61,2% dans les groupes PKa, PW et PL
respectivement, P<0,05). Aux deux températures, les lapins PKa
avaient plus de gras périrénal et scapulaire que les lapins
PL et PW (gras périrénal : à 20°C : 1,81 %, 1,07
% et 1,29 % et à 28°C : 1,25 %, 0,74 % et 0,95 % dans les groupes
PKa, PW et PL respectivement, P<0,05). Il existe également des
interactions significatives entre génotype et la température
qui ont influencé le gain de poids, l'indice de consommation, le
poids d'abattage et le poids de la carcasse réfrigérée
(Matics et al).
Les résultats ont indiqué que les
trois génotypes examinés diffèrent par leur adaptabilité
à une température ambiante élevée, ce qui pourrait
être lié à la quantité de dépôts
adipeux ou au degré de maturité variable atteint par les lapins
abattus à un âge fixe
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Tableau 4 :
Effet de la température et du génotype sur les performances
de croissance |
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5.
La teneur en acide gras des graisses de lapin : un theme en developpement
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5.1. Influences de matières premières non classiques sur le
profil en acides gras |
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Deux publications ont
étudié l'effet de matières premières non classiques
sur les caractéristiques de la viande de lapin et son profil en acides
gras.
Au Portugal, Almeida
et al. ont remplacé 15 % de tourteau de soja dans l'aliment
par la même quantité de lupin de 2 variétés
différentes, le lupin blanc (Lupinus albus) et du lupin
jaune (Lupinus luteus) sur lesquels ils donnent peu d'informations
analytiques (pas d'information sur la teneur en tanins par exemple).
Les aliments contenant les 2 types de lupin diminuent la teneur de la
viande en acides gras saturés (8,3 à -12,5 %) et augmentent
les acides gras poly-insaturés (+14 à + 20 %), ce qui est
un aspect positif dans les 2 cas. Par contre, les résultats sont
différents entre les 2 lupins pour plusieurs critères :
Le lupin blanc améliore le rapport oméga 6 / oméga
3 mais détériore le poids vif des lapins tandis que lupin
jaune diminue le taux de cholestérol (effet positif) mais aussi
le rendement à l'abattage (effet négatif). Les raisons de
ces différences ne sont pas discutées et l'absence de certaines
informations comme la teneur en tannins ne permet pas une réelle
tentative d'interprétation.
Cette publication confirme l'intérêt
potentiel du lupin comme substitut au soja tant sur les performances zootechniques
que sur les caractéristiques de la viande de lapin. En même
temps, elle souligne une différence importante entre les variétés
qu'il convient donc de bien caractériser lors de l'étude
et de l'utilisation de cette matière première.
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En Espagne, Bouzaida
et al., ont incorporé 20 % de pulpe de grenade dans l'aliment
de lapins. Ils n'indiquent pas dans leur communication les résultats
zootechniques obtenus mais une communication parallèle publiées
dans ce congrès par d'autres membres de la même équipe
de Saragosse (Maria et al.) indique que ce co-produit de la production
de jus de grenade incorporé à ce niveau, ne dégrade
pas les performances. des lapins. Le profil en acides gras du muscle long
dorsal réalisé par Bouzaida et al. montre plusieurs
effets de cette matière première : les acides gras saturés
sont peu modifiés, les acides gras insaturés oméga
3 et oméga 6, sont un peu augmentés, mais le rapport oméga
6 / oméga 3 est, par contre, fortement réduit (11,7 vs
20,3 pour le témoin). La pulpe de grenade diminue fortement les acides
gras monoinsaturés et accroit la proportion des acides gras polyinsatursé
en général et surtout permet un apport important d'acide punicique
(5,4 % des acides gras totaux), acide pratiquement non détectable
chez les lapins témoins. Ce dernier est un acide gras insaturé
- C18:3 oméga 5 - présent pratiquement uniquement dans la
grenade. Il est connu pour ses effets anti-inflammatoires et anti-oxydants
et pourrait donc accroitre les "caractéristiques santé"
de la viande de lapins nourris avec de la pulpe de grenade. Par contre,
les auteurs signalent que cet acide gras est très oxydable. Il faut
donc vraisemblablement ajouter des anti-oxydants lors de l'incorporation
de co-produit de grenade dans l'aliment.
Outre son intérêt
zootechnique, (elle peut remplacer 20% de la ration) la pulpe de grenade
a différentes actions favorables sur les apports en acides gras "classiques"
dans la viande de lapin mais surtout apportent des quantités importantes
d'acide punicique, acide gras susceptible d'augmenter encore des caractéristiques
santé à la viande, mais qui reste largement méconnu.
a |
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5.2.
Génétique et profil en acides gras de la viande |
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Deux communications
ont étudié les effets de sélections divergentes au
niveau du taux de gras sur son profil en acides gras. Celle de Cullere et
al., réalisée en Hongris et analysée à l'université
de Padoue en Italie et déjà citée, a consisté
à comparer des lapins sélectionnés sur le taux de gras
total. Comme expliqué précédemment, la lignée
maigre est obtenue à partir d'animaux provenant des 25 % des lapins
les plus maigres de la population et la lignée grasses des 25% des
lapins les plus gras. Après une sélection pendant 5 générations,
les lapins de la lignée grasse ont une carcass effectivement plus
riche en graisse et plus pauvre en eau que ceux de la lignée maigre.
Le taux d'acides gras saturés de leur graisse est un peu plus élevé
(+0.7 %) de même que leurs taux d'acides mono-insaturés (+
3,15 à + 5,0%). A l'inverse, leur taux d'acides gras polyinsaturés
oméga 3 et oméga 6 sont plus bas (respectivement -4 % et -0.1
%). Le rapport oméga 6 / oméga 3 est légèrement
diminué (11,6 vs 13,1).
Les observations de Laghouaouta et al, (Espagne) sur des lapins après
9 générations de sélection divergente sur le taux de
graisse intra-musculaire (muscle longdorsal) montre également une
augmentation du taux de graisse de la viande pour la lignée grasse
ainsi qu'une augmentation du taux d'acides gras saturés (surtout
l'acide palmitique) et des acides gras mono-insaturés. A l'inverse,
les taux d'acide stéarique et arachidonique diminuent. Les 2 populations
sont statstiquement très nettement distinctes, sans aucun recoupement.
Ainsi la sélection des lapins pour un taux de graisse plus élévé
augmente la teneur en acides gras saturé et en acides mono-insaturés.
Ces modifications sont cependant faibles et ont donc peu d'effets sur les
qualités nutritionnelles intrinsèques de la viande de lapin
ainsi produite
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5.3.
Température élevée et profil en acides gras de la viande |
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Ce point est également
étudié dans la publication de Cullere et al., précèdemment
citée. Elle consiste à élever des lapins témoins
du sevrage à l'abattage à 20°C, à les comparer
à des lapins élevés eux à 28°C. Les lapins
soumis à la plus forte température ont une carcasse plus maigre
(7,0 vs 9,4% de lipides). Le taux d'acides gras saturés de
ses lipides totaux est peu affecté (34,5%) tandis que le taux des
acides gras mono-insaturés diminue (26,1 vs 30,1%) et celui
des acides poly-insaturés augmente (33,3 vs 29.4%), tandis
que le rapport oméga 6 / oméga 3 n'est pas significativement
modifié .
aa
Ainsi les lapins élevés à
forte température ont une teneur en graisses plus faible, mais leur
profil en acides gras essentiels est peu modifiée et cela ne détériore
pas les qualités nutritionnelles intrinsèques de la viande
de lapin ainsi produite.
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5.4.
Le lapin : une éponge à DHA |

Figure 1:
Taux de DHA dans les produits de différents animaux terresres recevant
ou non un aliment enrichi en DHA |
Deux synthèses
complémentaires l'une de l'autre, présentées par Lebas
et par Colin, ont mis en évidence une très intéressante
caractéristique du lapin : sa capacité à fixer le DHA
(acide docosahexaénoïque, C22:6 n-3). Il fixe, notamment le
DHA d'origine végétale, à des niveaux très supérieurs
à ceux des autres espèces d'élevage comme le montre
la Figure 1 qui compare les taux de DHA dans des produits provenant d'animaux
"standard" (en rouge) ou recevant une alimentation enrichie en
DHA d'origine végétale (en vert). Parmi les produits issus
d'animaux terrestres, seul l'uf atteint des taux comparables à
celui de la viande de lapin alors que les viandes porcine et bovine ne s'enrichissent
que très faiblement en cet acide gras après une supplémentation
et que le poulet se situe en position intermédiaire.
Ce résultat conduit les 2 auteurs à proposer pour l'homme
un "menu DHA" consistant à couvrir les besoins humains
en cet acide gras habituellement apporté par les produits marins,
en consommant régulièrement des ufs enrichis en DHA
et deux fois par semaine de la viande de lapin enrichie en DHA.
Ces travaux et les propriétés mises
en évidence pour la viande de lapin ouvrent de nouvelles perspectives
et de nouveaux marchés à la viande de lapin qui peut renforcer
sa contribution de la santé des consommateurs. |
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6.
Conclusions |
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a
La principale constatation regardant cette partie "Qualité
des produits" est que son importance est en recul tant en nombre
de publications qu'en pays participants, phénomène déjà
observé au précédent congrès de Qingdao tant
en valeur absolue (ce qui peut paraitre normal compte tenu des circonstances)
qu'en valeur relative. Il est notamment regrettable que cette session soit
redevenue presqu'exclusivement européenne, le seul pays ultramarin
ayant contribué étant le Mexique avec une seule publication.
On peut déplorer l'absence d'acteurs comme le Nigéria, l'Algérie
ou l'Egypte qui nous avaient habitué à des communications
intéressantes et originales et étaient par ailleurs présents
dans d'autres sessions. Ce recul des communications dédiées
à la qualité du produit parait curieux à une époque
où la qualité des produits est présentée comme
une préoccupation importante de la société et du consommateur.
L'explication est probablement à trouver au niveau de la synthèse
bibliographique qui a analysé le positionnement du lapin dans le
contexte sociologique actuel. Pour beaucoup de consommateurs, notamment
les jeunes urbanisés, le lapin est passé du statut de nourriture
précieuse et prisée à celui d'animal "mignon",
animal de compagnie et dont l'approche n'est plus ni nutritionnelle ni gastronomique
mais uniquement affective. C'est probablement le principal défi que
la profession cunicole doit relever pour assurer sa pérennité.
La plupart des publications ont été des confirmations de travaux
antérieurs au niveau de l'action du rationnement ou de la température
sur les caractéristiques des carcasses. Deux matières premières
"non classiques", le lupin et la pulpe de grenade, ont été
étudiées pour leurs effets sur la qualité de carcasse
de même que l'effet de la teneur en zinc.
Enfin, plusieurs publications ont montré la possibilité d'enrichir
la viande de lapins en acides gras polyinsaturés à haute valeur
nutritionnelle comme le DHA ou l'acide punicique.
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