31 janvier 2017 - Journée d'étude ASFC «Qingdao -Ombres & Lumières»
Les apports de la Section de Reproduction
du 11ème Congrès Mondial de Cuniculture à Qingdao, Chine.

par

Raphaël ROBERT* et Davi SAVIETTO**

*EUROLAP, Le Germillan, 351470, Gosné, France
**GenPhySE, Université de Toulouse, INRA, INPT, ENVT, Castanet Tolosan, France

1 - RÉSUMÉ

Les 2 orateurs pendant leur exposé

L'objectif de cette synthèse est la description des principaux papiers présentés pendant la session de reproduction du 11ème Congrès Mondial de Cuniculture. Au total, 21 papiers provenant d'Algérie, Chine, Egypte, Espagne, France, Hongrie, Nigeria, Mexique, Pakistan et Turquie ont été présentés, avec une participation majoritaire des pays avec une cuniculture en développement (13 sur 21). Les thématiques concernent tant la reproduction des mâles, avec un intérêt majoritaire sur les techniques de préservation de la semence à basse température, ainsi que la reproduction des femelles, avec des sujets plus variés. En conclusion, la session de reproduction fut riche d'enseignements pour le développement d'une recherche appliquée aux conditions d'élevages locales et en réponse à des problématiques rencontrées dans les élevages commerciaux en Europe.

 

2 - INTRODUCTION

Figure 1 : Publications par continent

Cette synthèse a pour objectif la description des principaux papiers présentés pendant la section de reproduction du 11ème Congrès Mondial de Cuniculture. Au total, 21 papiers ont été publiés dans les proceedings du Congrès avec une participation majoritaire des pays d'Afrique (Algérie, Egypte et Nigeria ; 8 papiers publiés), suivi par l'Europe (Espagne, France et Hongrie ; 7 papiers), puis l'Asie (Chine, Turquie et Pakistan ; 5 papiers) et l'Amérique (Mexique, 1 papier).
A propos des performances de reproduction des mâles, trois papiers traitent de la qualité de la semence, deux des caractéristiques du dilueur, et un des effets de l'immunisation contre l'inhibine. Toujours sur les mâles, un papier concerne la réduction des effets du stress thermique à l'aide d'une supplémentation en quercitrine et un dernier papier a présenté un vagin artificiel à bas cout de production développé au Nigeria.
Les communications concernant la reproduction des lapines furent bien diverses, et englobent des résultats de recherche pratiques, comme une nouvelle méthode de diagnostic de gestation ou l'utilisation de différents matériaux pour la préparation des nids, et également des résultats de recherche fondamentale comme l'étude de l'expression des gènes liés à la reproduction.
Pendant cette riche et diversifiée session de reproduction, une synthèse a montré les tendances récentes du management de la reproduction des lapines dans les régions chaudes. Ainsi, les travaux exposés pendant ce 11ème Congres de Cuniculture montrent l'intérêt des pays ayant une production cunicole en développement pour déterminer les caractéristiques de reproduction des souches locales ; et pour développer et adapter les techniques de reproduction existantes, dans le but d'améliorer la prolificité et les performances de reproduction de leurs élevages.

 

3 - NOUVELLES CONNAISSANCES EN REPRODUCTION DES MÄLES
 

Le premier papier présentant la qualité spermatique des mâles a traité de la problématique de la congélation de la semence (Ahmed et al. 2016). Pour améliorer la qualité spermatique suite à la congélation, 4 µM de glutathionne ont été ajoutés au milieu de congélation en espérant une réduction des dommages dus au stress oxydatif. Cet ajout a affecté positivement la motilité et plusieurs paramètres liés aux caractéristiques de mobilité, comme la vitesse linéaire, l'index linéaire et l'index de rectitude. Cependant, les résultats démontrent également une réduction de l'intégrité acrosomique. En conclusion, l'addition de 4 µM de glutathionne au milieu de congélation entraîne une amélioration limitée des caractéristiques de la semence post-décongélation et mérite des essais supplémentaires pour confirmer et déterminer avec de nouveaux résultats le rôle du glutathionne sur la fertilité.
Une autre étude présentée par Dessouki et al. (2016) concerne le management du refroidissement de la semence à 5°C avec l'ajout de mélatonine au milieu de conservation. Trois niveaux de mélatonine sont testés : 1 x 10-3, 1 x 10-6 et 1 x 10-9 M avec un refroidissement durant 2h à basse température (5°C). Les caractéristiques de motilité ont été évaluées (figure 2). Cet étude a montré que l'ajout d'un haut niveau de mélatonine (1 x 10-3 M) dégrade certains paramètres de motilité comme par exemple le mouvement latéral de la tête des spermatozoïdes, et que le plus bas niveau d'ajout de mélatonine (1 x 10-9 M) a un effet négligeable par rapport au groupe contrôle (pas de mélatonine). Le niveau intermédiaire (1 x 10-6 M) a présenté des résultats intéressants. Pour les paramètres de motilité étudiés, l'ajout de 1 x 10-6 M améliore la motilité totale et progressive et augmente la distance parcourue et la vitesse linéaire des spermatozoïdes. Cependant, la limite de cette étude concerne la durée d'exposition au froid positif (5°C) qui est assez courte (2h). Des tests sur une durée plus longue mériteraient d'être menés.

Figure 2 : Effet de l'addition de mélatonine dans le milieu de conservation de la semence (Dessouki et al.)

Wang et al. (2016) ont étudié l'effet de l'immunisation contre l'inhibine sur les caractéristiques de la semence des mâles Rex pendant l'été. Deux dosages d'injection ont été testés : 0,050 et 0,125 mg/kg d'antigène recombinant. Chaque mâle immunisé a reçu le traitement trois fois, avec une différence de 20 jours entre les immunisations. Les résultats démontrent une augmentation tant de la concentration, que de la motilité spermatique à partir de la seconde injection comparativement au groupe témoin. Les limites de cette étude sont dues au faible effectif (six animaux par groupe) et au manque de détermination d'un âge précis pour la première immunisation.

 

L'avant-dernier papier à propos de la reproduction des mâles fut présenté par Zahid et al. (2016). L'objectif de ce papier est d'examiner le possible effet positif de la quercitrine (antioxydant polyphenolique issu de la fermentation de citrus) pour réduire la détérioration du tissu testiculaire des mâles exposés à de hautes températures ambiantes (35°C en moyenne en milieu de journée). Au total, 5 mâles ont été alimentés avec 25 mg/kg de quercitrine par jour pendant 8 semaines. Après une étude histopathologique, les auteurs ont conclu que la supplémentation alimentaire en quercitrine minimise les effets nocifs du stress thermique sur le tissu testiculaire des lapins.

Le dernier article a été présenté par Ola (2016). Cet auteur s'est consacré à concevoir un vagin artificiel à bas coût pour répondre à la demande des éleveurs Nigérians. Le nouveau dispositif appelé Olirav est constitué d'une seringue stérile de 20 ml, d'un tube jetable de 5 ml, d'un préservatif non spermicide et d'une bande élastique. L'efficacité du nouveau prototype a été comparée à un vagin artificiel commercial en réalisant des prélèvements de 12 mâles. Quel que soit le vagin utilisé, Ola a conclu que le comportement des mâles face au prototype, le volume de semence produit, la motilité et la concentration obtenus avec son prototype sont similaires aux résultats obtenus avec le vagin artificiel commercial.

 

4 - NOUVELLES CONNAISSANCES EN REPRODUCTION DES FEMELLES
 

Les papiers concernant les connaissances en reproduction des femelles peuvent être répartis en 6 catégories, plus une synthèse : 1. Embryologie, 2. Pratiques d'élevage, 3. Diagnostic de gestation, 4. Biologie de la reproduction, production et caractéristiques du lait, 5. Pathologie de la reproduction, 6. Biologie moléculaire et reproduction et 7. Synthèse.

 

  4.1. Embryologie
 

Au sein de la section embryologie, une étude a confirmé que l'ajout d'une dose de 0.4 mg de coenzyme Q10 (CoQ10) par ml de milieu de maturation (TMC-199) améliore la maturation in vitro, le taux de clivage et le potentiel de développement des ovocytes de lapines (Abdel-Khalek et al. 2016). Lors de cette étude, trois doses différentes de CoQ10 (T1 = 0 ; T2 = 0.2 ; T3 = 0.4 mg/ml TMC-199) ont été ajoutées. Les ovocytes de 30 femelles ont été prélevés, puis seuls les complexes cumulus-ovocytes ont été mis en incubation. Le pourcentage d'ovocytes en métaphase II et le taux de maturation ont été déterminés. Des fécondations in vitro ont été réalisées entre les COCs à maturité et des spermatozoïdes mélangés à de l'héparine. Les œufs fécondés ont été mis en culture pour déterminer le taux de production de morula et de blastocystes. Il apparait que l'ajout de CoQ10 (T2 et T3) entraine une augmentation significative du pourcentage d'ovocytes en métaphase II, diminue le pourcentage d'ovocytes dégénérés et augmente les taux de production de morula et de blastocystes, en comparaison avec un milieu de maturation sans CoQ10.

Avec le même type de protocole, El-Ratel et al. (2016) ont étudié l'effet d'une supplémentation en L-carnitine (LC) (doses de 0.0 ; 0.6 et 0.9 mg/ml de milieu de maturation), sur la maturation in vitro, la fertilisation in vitro et le développement des ovocytes. Ils ont démontré que des doses de 0.6 et 0.9 mg de LC /ml de milieu de maturation (TMC-199) entrainait une hausse du pourcentage d'ovocytes en métaphase II, un meilleur taux de fécondation et des meilleurs taux de production d'ovocytes aux stades morula et blastocystes, en comparaison avec du TMC-199 sans supplémentation de LC. Les meilleurs résultats ont été observés pour une dose de 0.6 mg de LC par ml de TMC-199.

Enfin, l'efficacité de l'ajout d'un extrait de plante Scutellaria sp. (SC) sur la viabilité des embryons de lapins a été étudié par Bebin et al. (2016). Deux groupes de 20 lapines ont été comparés, l'un recevant un aliment supplémenté avec SC (distribution de 50 g/jour/femelle de l'aliment complémentaire), l'autre le même aliment sans SC. A 15 jours de gestation, les lapines ont été euthanasiées pour compter et évaluer la viabilité des fœtus. La supplémentation avec SC n'a pas eu d'effet sur le nombre de corps jaunes ni sur le nombre de vésicules implantés. En revanche, la mortalité embryonnaire précoce a été évalué à 11,5% dans le groupe contrôle versus 6,9% dans le groupe SC ; et la mortalité des embryons entre l'implantation et le jour 15 de gestation était plus élevée dans le groupe contrôle que dans le groupe SC (7.5% dans le groupe contrôle vs 5% dans le groupe SC).

 

Un régime enrichi en acides gras polyinsaturés a montré dans différentes études l'impact positif sur le développement ovarien. Dans cette étude, Rodriguez et al. (2016) ont cherché à mesurer l'impact d'un tel régime au long terme sur le développement embryonnaire et la muqueuse endocrine chez des lapines. L'étude a été menée sur des lapines multipares séparées en 2 lots (n=14 pour les deux groupes) avec un groupe contrôle et un groupe pour lequel le régime est enrichi avec de l'huile de poisson pour apporter des acides gras polyinsaturés. 84 h après l'insémination, toutes les lapines ont été euthanasiées. A la suite des différentes mesures réalisées (taux ovulation, stade embryonnaire, fertilité et dosage de la progestérone), aucune différence statistiquement significative n'a été mise en évidence. Les auteurs concluent que le régime enrichi en acides gras polyinsaturés n'entraîne pas de différence pour les réponses hormonales et de reproduction à un stade précoce de la gestation chez la lapine.

La dernière présentation concernant le suivi des embryons a été consacrée à l'étude de l'effet d'un régime enrichi en acides gras polyinsaturés n-3 et son impact sur la croissance fœtale. Cette étude a été menée par une équipe espagnole (Rodriguez et al. 2016). Elle a été conduite sur un lot de 74 femelles nullipares randomisées en 2 groupes homogènes (groupe contrôle n=37 et groupe PUFA n=37). Les régimes alimentaires pour les deux groupes sont isoprotéiques, isofibres et isoénergétique ; la différence provient de la source de matière grasse qui pour le régime riche en acide polyinsaturés provient d'huile de poisson. Les femelles ont été rationnées à 130 g/jour pour les deux régimes durant les trois premières semaines de gestation et mise à volonté pour la dernière semaine. Après un diagnostic de gestation positif par palpation, 5 femelles de chaque groupe ont été euthanasiées à 28J de gestation pour réaliser de nombreuses mesures comparatives sur les fœtus (nombre, poids, taille, mesures des placentas, et de certains organes des fœtus). Les autres femelles ont été suivi jusqu'à la mise bas. Les femelles avec le régime enrichi en acides gras polyinsaturés (PUFA) ont eu une consommation d'aliment plus faible en fin de gestation. Les fœtus issus de ce même régime ont une taille rostro-caudale significativement plus importante (+7,41mm) ainsi que le diamètre thoracique. De plus, l'épaisseur de la matrice placentaire est également significativement plus importante (+0,9mm). En conclusion malgré la baisse de consommation d'aliment en fin de gestation pour le groupe PUFA, il n'y a pas eu d'impact sur la qualité des fœtus.

 

  4.2. Pratiques d'élevage
 

Lors du Congrès, trois publications traitaient des pratiques d'élevage.
Le premier article concernait les résultats d'une étude sur les effets de la photo-simulation, de la source de lumière et de la saison sur les performances de reproduction des lapines (Eiben et al. 2016). Un éclairage de 9h de lumière par jour, produite par des néon-blanc ou des lampes LED (40 à 50 lux d'intensité), a été comparé à deux pratiques de photo-simulation avant l'insémination artificielle, dans deux fermes différentes, comprenant chacune des bâtiments éclairés avec des LED et des bâtiments éclairés avec des néons. Dans ces deux fermes, de J-8 à J0 (J0 étant l'IA), la durée d'éclairage était de 16h par jour et, à partir de J+3, cette durée était réduite progressivement (-2h/jour à J+3 et J+4 puis -3h à J+5) jusqu'à 9h par jour. Dans la première ferme, entre Juin et Octobre, l'intensité de la lumière était accentuée, jusqu'à atteindre 55-80 et 100 lux, via l'ajout de néons et de lampes LED. Dans la deuxième ferme, entre Juillet et Août, seule la durée d'éclairage était augmentée, sans jouer sur l'intensité de la lumière. En été dans la ferme 1, il apparait que les taux de palpation et de mise-bas sont 5% plus élevés avec la stimulation via les LED, qu'avec une stimulation via des néons. Dans la deuxième ferme, les 1-2% de différence en faveur de l'éclairage LED ne sont pas significatifs. Le nombre de lapereaux nés vivants (NV) était globalement meilleur dans la ferme 1 que dans la ferme 2, quel que soit le type d'éclairage. Le nombre de NV pour 100 inséminations (IA) le plus élevé a été atteint dans la ferme 1, avec l'éclairage LED et l'augmentation d'intensité de la lumière, en été (782 NV/100 IA). Ces résultats montrent qu'avec le type de lampes LED testées, associées à une double photo-simulation (augmentation en durée et en intensité), la fertilité et la prolificité ont été améliorées, ce qui confirme l'importance du type d'éclairage lors d'une stimulation lumineuse sur des lapines autour de l'insémination.

Le deuxième article traitait des effets des différents matériaux utilisés pour faire les nids, sur les performances des lapines (Farkas et al. 2016). 4 groupes de 50 lapines ont reçu chacun un matériel différent pour la garniture des nids : foin, paille, copeaux de bois et des longues et fines fibres de bois, appelées Lignocel. Les lapines ont eu plus de 3 jours pour préparer leur nid. Des photos des nids ont été prises 4 à 5 jours après la mise-bas et la qualité des nids a été évaluée. Les nids faits à base de foin ont reçus le meilleur score (4.11/5), suivi par ceux faits avec de la paille (3.73), du Lignocel (3.56) et des copeaux de bois (3.13). Cependant, le type de matériel n'a pas influencé les performances des lapines : le nombre de nés totaux le poids de la portée à 21 jours, le poids individuel à 21 jours et la mortalité entre 0 et 21 jours étaient similaires selon les matériaux.

L'objectif de la dernière étude sur les pratiques d'élevage (Felipe-Pérez et al. 2016), était d'évaluer l'effet de l'administration orale d'acides gras polyinsaturés n-3 (AGPI n-3) sur les paramètres du sperme et les performances de reproduction des lapines. Dix mâles et 20 lapines multipares ont reçu soit une dose de 40 mg/kg poids vif d'AGPI n-3 (groupe de traitement), soit un volume équivalent d'eau distillée (groupe contrôle), une fois par jour pendant 50 jours. Les lapines ont été réparties dans des groupes pour évaluer l'effet des interactions des mâles et femelles traitées et non traitées avec les AGPI n-3 sur les performances de reproduction. 100 éjaculats ont été évalués, avant et après le traitement. Le pourcentage de sperme viable était significativement plus élevé avec le traitement, en comparaison avec le groupe de contrôle. Les différences sur le volume de sperme et le pourcentage d'anomalies morphologiques avant et après traitement n'étaient pas significatives. Il n'y a pas eu d'effet observé sur la fertilité, la taille de portée et la durée de gestation entre les lapines traités et non-traités. Les auteurs ont conclu que l'administration orale d'AGPI n-3 a un effet positif sur la qualité du sperme mais plus de recherches doivent être menées pour comprendre l'effet des AGPI n-3 sur les gamètes des lapines et l'impact sur leurs performances de reproduction.

 

  4.3. Diagnostic de gestation
  Robert et al. (2016) ont proposé une méthode non-invasive de diagnostic de gestation pour qualifier et quantifier la prolificité des lapines autour du 15ème jour de gestation. La nouvelle méthode se base sur l'utilisation d'un CT scan (computerized axial tomography). Cette technique est bien précise, parmi les 578 foetus dénombrés par nécropsie, 577 furent observés avec le CT scan. Cependant cette technique a pour limite de ne pas faire la distinction entre les foetus viables et non viables. Le dénombrement des corps jaunes et des vésicules vides n'est pas possible non plus. Cette nouvelle méthode est donc complémentaire aux méthodes déjà existantes (nécropsie, échographie et endoscopie) pour bien caractériser les composantes de prolificité chez la lapine.
 


Figure 3 : Vue générales de lapines lors de la mesure aux rayons X (a), vues en coupe à différents niveaux (b)
et vue des vésicules embryonnaires reconstituées par analyse d'image (c)

 

  4.4. Biologie de la reproduction, production et caractéristiques du lait
 

Fayeye et Ayorinde (2016) ont décrit les résultats reproductifs de 86 lapines au Nigeria. Le temps de gestation a varié entre 29 et 35 jours avec une prévalence de 84.0% pour une durée de 31, 32 et 33 de gestation. La taille des portées est comprise entre 2 et 6 lapereaux et la variation du poids à la naissance se situe entre 24 et 54 g. Les auteurs ont aussi décrit une importante mortinatalité et la variance des poids de naissance est plus conséquente pour les portées de grande taille. Ces résultats zootechniques démontrent le potentiel reproductif des lapines au Nigeria.

Charlier et al. (2016) ont analysé la composition protéique du lait de deux souches de lapins (souche blanche et souche synthétique) de la région de Tizi-Ouzou (Algérie) avec l'objectif de déterminer si la différence de mortalité en maternité entre les lapereaux de ces deux souches est liée à la qualité du lait. La composition protéique du lait est similaire entre les deux souches étudiées. Cependant, les résultats d'analyses fines des protéines du lait des lapines de la souche synthétique ont révélé une plus haute variabilité de la proportion relative de certaines protéines du lait (comme alphas2 caseine).


Un autre travail de la région de Tizi-Ouzou a étudié la relation entre la taille de portée à la naissance et le nombre de lapereaux pendant la lactation sur la production de lait des lapines en comparant deux souches : la souche dite 'blanche' et la souche 'synthétique' (Zerrouki-Daoudi et al. 2016). Les lapines des deux souches ont été réparties dans des groupes expérimentaux en fonction de la taille de portée à la naissance (<6, 6-8 et >8 nés vivants) et à la taille de la portée pendant la lactation (les mêmes classifications). Les résultats obtenus ont démontré que le nombre de lapereaux nés n'affecte pas la production de lait des lapines. Comme décrit dans plusieurs travaux, la production de lait augmente avec le nombre des lapereaux à allaiter. Le type génétique a eu une forte influence sur la production de lait, spécialement pendant la première semaine, où les lapines de la souche synthétique ont produit +21% de lait que les lapines de la population blanche. En conclusion, les auteurs démontrent que seul le nombre de lapereaux effetctivement allaité a une influence sur la production du lait des lapines et indirectement sur la croissance des lapereaux.

 

  4.5.Pathologie de la reproduction :
 

Le seul papier concernant les facteurs de risques liés à l'infertilité des lapines fut présenté par Rosell & de la Fuente (2016). Cette étude a eu pour objectif de décrire les principaux facteurs de risque liés à l'infertilité des lapines en production commerciale (Espagne). Les facteurs de risque étudiés furent la génétique de la femelle, la note d'état corporel, le rang de portée (entre 1 et 37 portées), et l'état sanitaire. Parmi les 6 147 femelles évaluées, le facteur principal affectant la fertilité des femelles est la note d'état corporel suivi par l'état sanitaire. Une note d'état corporel de 4 (échelle allant de 1 à 9) correspond à une diminution de 10.4% du taux de fertilité par rapport à des lapines ayant une note de 5. D'un autre côté, les lapines obtenant une note d'état corporel de 6 ont un taux de fertilité supérieur de 11.7%. En cet qui concerne l'état sanitaire, la fertilité des femelles présentant des symptômes de coryza, maux de pattes et des mammites diminue respectivement de 4%, 9,4% et 35% comparativement à des femelles en bonne santé. Les auteurs ont conclu que le bon état corporel des femelles, évalué le jour des palpations est le principal facteur de réussite d'une bonne fertilité des femelles.

 

  4.6. Biologie moléculaire et reproduction
 

Sur le sujet de la biologie moléculaire appliquée à la reproduction, deux études ont été présentées au congrès. Ces deux études ont été menées par des équipes scientifiques chinoises. Sun et al. (2016) ont cherché à quantifier et démontrer l'impact du facteur de croissance et différenciation 9 (GDF9) sur les paramètres de la reproduction chez le lapin. Pour de nombreuses espèces de mammifères, le GDF9 est impliqué dans la régulation du développement folliculaire et la reproduction. L'étude a été menée sur deux groupes de lapins Néo-Zélandais : un groupe avec une faible prolificité (6-8 nés vivants) et un groupe prolifique (8-12 nés vivants). De nombreuses séquences ADN ont été analysées dans les deux groupes et 3 sites de mutation potentielle pour le gène codant pour le GDF9 ont été mis en évidence. L'expression de ce gène a également été mesurée dans de nombreux organes (cœur, foie, rate, poumon, rein, utérus et ovaire). L'expression et significativement plus importante dans les ovaires comparés aux autres organes (viennent ensuite le foie ; et les niveaux les plus faibles dans le cœur et la rate). De plus, l'expression du gène est significativement plus élevée dans le foie et l'utérus (mais aussi le cœur, la rate et les ovaires) pour le groupe prolifique. Les auteurs ont conclus que le suivi du GDF9 peut être un marqueur génétique d'intérêt pour améliorer la prolificité en lapin.

La seconde présentation a été menée sur l'étude de la variation phénotypique du nombre de tétines (8 tétines 54,9% ; 9 tétines 29,4% ; 10 tétines 15,7% de la population étudiée) chez les lapines de la race Chuanbai Rex en lien avec la recherche de marqueurs SNP pour les gènes ESR et FSH?. Les résultats de reproduction ont également été enregistrés pour les trois premières mise-bas (nés totaux, nés vivants, poids de portée à la naissance et à 21 jours). Les résultats statistiques n'ont pas mis en évidence de lien significatif entre le nombre de tétines, les résultats de reproduction et le séquençage des gènes d'intérêt.

 

  4.7. Synthèse
 

Enfin pour terminer cette synthèse sur la session de reproduction du 11ème Congrès Mondiale de Cuniculture, une synthèse sur les méthodes du management de la reproduction chez la lapine a été rédigée par Daader et al. (2016). Cette synthèse reprend l'ensemble des pratiques répertoriées dans la bibliographie pour donner des informations pour établir le meilleur système reproductif chez la lapine. Pour chaque méthode, les avantages et les inconvénients sont présentés. On retrouve des informations sur le rythme de reproduction (35, 42et 49 jours), les différentes méthodes pour synchroniser l'œstrus (traitements hormonaux, séparation mère-jeunes, programmes lumineux), les méthodes pour provoquer l'ovulation (injection hormonale intramusculaire, intra-vaginale, autres facteurs existants).

Dans une seconde partie, les auteurs présentent l'impact du stress thermique et les conséquences biologiques sur les animaux et leur reproduction avec les différents mécanismes mis en place pour lutter contre ce stress externe. La zone thermique de confort pour les lapins est comprise entre 18 et 25°C (en fonction des études bibliographiques) et lors d'un stress dû à la chaleur, les auteurs listent les stratégies physiques (gestion de l'environnement d'élevage) et biologiques (management, nutrition, reproduction et génétique) pour lutter contre ce stress

 

5. POINTS IMPORTANTS A RETENIR
  5.1. Reproduction des mâles :
La plupart des articles présentés sur la reproduction des mâles proviennent de pays où la production cunicole est en développement et concernent plutôt les défis de la congélation de la semence, une pratique peut courante en France. Ces recherches scientifiques sont probablement liées à un besoin du terrain, car les coûts de transport et les distances entre les centres de production de semence et les fermes sont importantes, et démontrent l'intérêt de cette pratique.
 

5.2. Reproduction des femelles :
Les articles ayant pour thème général la reproduction des femelles ont été variés. De nombreuses études ont cherché à mettre en évidence les bénéfices de certaines supplémentations sur le développement embryonnaire (coenzyme Q10, extrait de plante, L-carnitine ou acides gras polyinsaturés). Des pratiques d'élevages ont été présentées pour favoriser la reproduction et la viabilité des lapereaux, en élevage classique mais également dans des élevages situés dans des pays où les températures sont élevées. Trois papiers présentent des études comparatives réalisées sur des souches locales, toujours avec l'objectif d'améliorer les performances de reproduction. Enfin, une nouvelle méthode de diagnostic de gestation a été présentée pour une utilisation en recherche appliquée ; des études ont été faites sur la recherche de marqueurs génétiques associés à la prolificité ; et une étude descriptive des principaux facteurs de risques d'infertilité des lapines a été présentée pour identifier les leviers d'actions. En conclusion, l'ensemble de ces présentations sur la reproduction des lapines poursuit l'objectif de l'amélioration continue des performances de reproductions quels que soient la souche, le pays ou le type d'élevage à conduire.