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19 février 2013 - Journée d'étude ASFC «Sharm
El-Sheikh - Ombres & Lumières»
Pathologie
et Hygiène
Les apports lors du 10ème Congrès Mondial de Cuniculture
par
Dominique LICOIS*, Samuel BOUCHER** et Bernadette LE NORMAND***
* Retraité INRA, 37380 St Laurent en Gâtines
** Labovet Conseil, BP 539, 85505, Les Herbiers Cedex
*** Clinique Vétérinaire des Marches de Bretagne, 35460,
St Brice en Cogles
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1.
ASPECTS GENERAUX
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B. Le Normand, S. Boucher
et D. Licois pendant leur présentation |
Le
premier constat qui peut être fait est une très nette réduction
du nombre de communications présentées (orales ou posters)
au cours de ce congrès mondial de cuniculture. Il y avait eu 45 communications
acceptées à Vérone en 2008, et autant à Mexico
en 2004, alors que 19 seulement, l'ont été pour cette session.
En pathologie, ce sont très nettement les communications espagnoles
qui ont été les plus nombreuses (7/19) (tableau 1), suivie
de l'Italie (4) mais cela ne représente que 25% du nombre de communications
que ce pays a produit en 2008
mais c'était à Vérone
! Signalons que l'un des papiers est le fruit d'une collaboration Bulgarie-Espagne
( Georgiva et al.) et un autre entre Italie et Canada (Badagliacca
et al.)
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Figure 1: Nombre
de communications par pays |
A
l'ensemble de ces communications courtes, dévolues à cette
session de pathologie, il faut ajouter la présentation d'un rapport
de synthèse, invité en la personne de Fabrizio Agnoletti (Institut
de Zooprophylaxie Expérimentale de Vénétie, Italie),
de même qu'une table ronde animée par D. Licois, ayant pour
thème "coccidioses et alternatives aux anticoccidiens".
Concernant les germes étudiés, pour les bactéries,
4 communications étaient consacrées à Staphylococcus
aureus, 2 à Salmonella thyphimurium, 2 aux Escherichia
coli entéropathogènes et 1 à Pasteurella multocida
; pour les virus, 1 communication intéressait la VHD, 1 la myxomatose
et 1, un nouveau virus de la famille des herpesvirus. Rien touchant la parasitologie.
Les autres papiers n'impliquaient pas un germe spécifique. Ils se
répartissaient soit en enquêtes "terrain", soit en
travaux de recherches expérimentales.
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II.
ANALYSE ARTICLE DE SYNTHESE.
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Le rapport introductif
de Fabrizio Agnoletti est essentiellement centré sur la
pathologie digestive. Il peut être découpé en trois
parties.
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Dans la première partie, il fait le point sur les différentes
maladies intestinales pouvant affecter le lapin, soulignant que très
peu d'évolution dans les connaissances sur ces affections ont été
apportées au cours des 8 dernières années, c'est-à-dire
depuis la présentation de Licois (Domestic Rabbit Entéropthies),
au congrès de Mexico, en 2004. En particulier, bien qu'une meilleure
maîtrise de l'EEL sur le terrain soit une réalité, l'agent
étiologique de l'EEL reste toujours inconnu. Ceci constitue un handicap
pour un diagnostic précis de cette pathologie. Un même constat
est fait concernant les autres entérites d'origine bactérienne
pour lesquelles les progrès semblent au point mort. Même l'enthousiasme
pour les vaccins contre la colibacillose semble être arrivé
à une impasse : aucune application terrain n'a vu le jour. Néanmoins
de nouvelles stratégies de lutte fondées par exemple sur l'utilisation
de probiotiques ou l'installation de flores de barrières ont émergé.
Nous pouvons apporter
un petit bémol à ce qu'écrit Fabrizio Agnoletti, car
actuellement un vaccin contre la colibacillose à E. coli O103
en est à la phase d'essais terrain, après un vif succès
de la spécialité pharmaceutique dans les phases d'essai de
laboratoire. Une AMM européenne devrait sortir de ces essais.
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Klebsiella
pneumioniae |
Concernant
Klebsiella pneumioniae qui, chez le lapin affecte le tractus intestinal
et touche surtout les lapereaux âgé de 15 à 30 jours,
Agnoletti apporte quelques précisions. Les épisodes de klebsielloses
peuvent être liés à une mauvaise hygiène en maternité
et au niveau du nid. Ils peuvent aussi être dus à une trop
grande utilisation d'antibiotiques ce qui, compte tenu de la grande résistance
de ce germe à divers antibiotiques, induit une forte pression de
sélection permettant plus facilement à la bactérie
de se multiplier. En Italie le problème a été résolu
en adaptant la médication (calendrier, protocoles) en particulier
en maternité et en réduisant la distribution d'antibiotiques.
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Clostridium |
Le
secteur des clostridioses responsable d'entérotoxémies, a
davantage été développé. On retiendra l'importance
de facteurs favorisants et notamment de l'alimentation. Un aliment riche
en amidon favorise la multiplication de bactéries qui, en diminuant
la motilité intestinale, peuvent réduire la clairance de toxines
produites continuellement dans la lumière intestinale par Clostridium,
même dans des conditions physiologiques. Un régime hyperprotéique
déclenchera la sécrétion abondante de trypsine conduisant
à une scission avec activation des toxines binaires de C. spiroforme.
Dans certains cas, les causes peuvent être iatrogènes, déclenchées
par une sur-utilisation des antibiotiques qui provoquent un déséquilibre
dans la flore du caecum. Le rôle de Clostridium perfringens,
et de ses toxines A et E notamment est posé, dans son implication
dans l'EEL. Des travaux récents indiquent que 25% des C. perfringens
isolés ont le gène de la toxine bêta-2, dont 94% ont
le variant allélique consensus (cpb2con). Dans les tests in vitro
sur des cellules Caco-2, le variant Cpb2con se révèle être
environ 10 fois plus cytotoxique que le variant allélique atypique.
Pour Agnoletti, sachant que les enterotoxémies du lapin sont conditionnées
par les facteurs de milieu, et connaissant le rôle pathologique connu
de C. perfringens de type A dans d'autres espèces animales,
le rôle de C. perfringens de type A est à reconsidérer
chez le lapin sur la base de ces nouveaux éléments. Rappelons
que des effets cytopathiques des inoculums TEC avaient été
mis en évidence par le passé sans pour autant que le rôle
de C. perfringens dans l'étiologie de l'EEL ait pu être
démontré. |
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Sur
le terrain, une utilisation d'aliment complémentaire richement
protéiné, de façon peu raisonnée et en dehors
des précautions données par les firmes service, a amené
en 2012 à une très nette augmentation des cas d'entérotoxémie
sur les femelles et notamment sur des animaux de précheptel. Une
meilleure connaissance des mécanismes pathogéniques de cette
maladie est attendue par les vétérinaires de terrain.
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Le
diagnostic : des avancées importantes |
La
deuxième partie traite du diagnostic qui, contrairement à
ce qui vient d'être évoqué pour le chapitre précédent,
a beaucoup progressé depuis 2004, grâce notamment aux dernières
avancées de la biologie moléculaire. Le diagnostic de la colibacillose
par exemple, repose maintenant sur l'amplification par PCR du gène
eae et de ceux codants pour les adhésines Af/r1 et Af/r2. L'utilisation
de biopuces, réservées encore au domaine de la recherche en
raison des coûts, permet d'identifier simultanément les facteurs
de virulence de plusieurs gènes ou de sérotyper E. coli
en détectant le gène codant pour l'antigène somatique,
évitant ainsi l'utilisation traditionnelle de la séro-agglutination
plus lente et plus complexe. Différentes PCR ont été
mises au point pour détecter diverses espèces de Clostridium
(C. spiroforme, C piliforme, C. difficile et C. perfringens).
Des méthodes de biologie moléculaire sont aussi utilisées
pour génotyper les souches de C. perfringens et C difficile ; ou
pour des analyses épidémiologiques : par exemple, pour suivre
les inter-circulations de germes entre l'homme et d'autres espèces
animales. La SSCP (Single Strand Conformation Polymorphism) a également
permis d'obtenir des informations nouvelles sur le microbiote caecal. |
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D'autres
méthodes comme la PCR en temps réel, la spectrométrie
de masse, auxquelles on pourrait ajouter le séquençage à
haut débit, du fait de coûts en baisse et un champ d'application
très étendu, ont déjà ou vont dans l'avenir,
complètement modifier la façon dont les scientifiques envisagent
les études en génomique, avec bien sûr des implications
dans le domaine vétérinaire. En outre, la mise à disposition
par les fabricants, d'appareils abordables et automatisés, va rendre
ces méthodes incontournables. |
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Le
diagnostic sur le terrain a progressé et actuellement les vétérinaires
s'appuient sur l'outil PCR eae pour le diagnostic des colibacilloses du
lapin. Ce type d'outil devrait être généralisé.
Mais la filière manque également de données pour pouvoir
disposer d'outils diagnostics performants : l'EEL n'a toujours pas de cause
identifiée. Pourtant, comme toute filière animale professionnalisée,
la filière cunicole a besoin d'utiliser l'analyse comme un outil.
Le diagnostic clinique de la situation de l'élevage est primordial,
et l'analyse vient étayer et orienter les moyens d'action. |
Prévention
et traitements |
La
3ème et dernière partie de cette synthèse est
dévolue à la prévention et aux traitements, en mettant
l'accent sur les AMR (antimicrobial resistance), c'est-à-dire la
résistance et surtout la multi-résistance aux antibiotiques
et son impact en santé publique.
Contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres espèces
animales, poulets de chair, par exemple, la prévention et la lutte
contre les maladies en élevages de lapins se sont longtemps appuyées
sur l'usage des antimicrobiens. Les choses sont sans doute en train d'évoluer.
La résistance généralisée aux antimicrobiens
chez les bactéries est bien documentée et a certainement influencé
les processus décisionnels, tout du moins en Europe. Les rapports
publiés ces dernières années par la Commission européenne
de sécurité des aliments (EFSA), le Centre européen
de prévention et contrôle des maladies (ECDC) et l'Agence européenne
des médicaments (EMA) ont convenu de la nécessité d'utiliser
les antimicrobiens avec prudence et de réduire leur prescription
vétérinaire. L'accent devra porter d'une part sur l'amélioration
du bien-être animal et de meilleures conditions d'élevage,
qui contribuent à réduire les maladies et par conséquent
la consommation d'antimicrobiens, et d'autre part sur une meilleure sécurité
du médicament afin de ne pas entraîner de risque en bout de
chaîne pour le citoyen. La densité des animaux dans les élevages
devra être réexaminée car elle affecte la propagation
des agents pathogènes et le stress des animaux. Enfin, l'utilisation
des médicaments devra être limitée, laissant la place
à des produits de remplacement, comme les probiotiques, les prébiotiques,
les huiles essentielles ou acidifiants. Les actions mentionnées doivent
être économiquement viables et garantir aux agriculteurs un
bénéfice, malgré le contexte international actuel de
hausse des coûts des matières premières et la crise
économique et financière mondiale.
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La
France a engagé courageusement - via son plan Ecoantibio 2017 -,
une réduction de l'utilisation des antibiotiques et notamment des
antibiotiques dits " critiques " (qu'on souhaite réserver
à l'Homme). La filière cunicole française a pris
les devants et elle est souvent félicitée pour son dynamisme
et son professionnalisme en la matière. De manière volontaire,
la filière cunicole française s'interdit l'utilisation de
céphalosporines et réglemente sérieusement l'utilisation
des fluoroquinolones tout en réduisant très nettement l'utilisation
d'antibiotiques en général. Cependant, il y a des paramètres
zootechniques à améliorer encore pour trouver une parade
aux possibles conséquences défavorables (hétérogénéité
des lots, augmentation des taux de retrait, etc.).
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III
- ANALYSE DES COMMUNICATIONS COURTES.
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Pour
la session pathologie, 8 papiers ont été sélectionnés
pour des communications orales et 11 en tant que posters. Si les communications
orales ont bien été présentées, il n'y a pas
eu de véritable session posters au cours de ce congrès. |
3.1
Communications relatives à des espèces bactériennes
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3.1.1
Staphylococcus aureus.
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Rappelons tout d'abord que 2 types de souches de S. aureus peuvent
être isolés chez les lapins infectés par cette bactérie.
Le premier touche de manière sporadique quelques individus dans un
élevage et de ce fait représente un impact économique
relativement faible. L'infection dans ce cas est due à des souches
dites de faible virulence LV (Low Virulence). Le 2ème type a un caractère
épizootique et la quasi-totalité de l'élevage est concerné,
entraînant des problèmes chroniques, une diminution de la production
et de la mortalité. Les souches impliquées sont dans ce cas
des S. aureus de forte virulence HV (High Virulence).
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Deux
communications sont présentées par l'équipe de J.M.
Corpa, (Université de Valence, Espagne). Dans leur article, Viana
et al. rappellent tout d'abord que cette bactérie versatile
et opportuniste, infecte le lapin en pénétrant par des lésions
dermiques avant d'envahir les tissus sous-cutanés et de provoquer
des infections de la peau et diverses manifestations pathologiques plus
ou moins graves, telles que pododermatite, rhinite, conjonctivite, otite,
abcès, aboutissant dans la plupart des cas à des reformes,
notamment des femelles adultes et parfois à la mort (ex: septicémie).
Cette variabilité des manifestations cliniques repose sur la capacité
de S. aureus à moduler l'expression des gènes et la
synthèse des facteurs de virulence. Elle a été attribuée
à 2 mécanismes majeurs : d'une part l'invasion et l'inflammation
et d'autre part à la production de toxine. Cette étude visait
donc à étudier la distribution des facteurs de virulence dans
les types de souches de S. aureus les plus répandus au niveau
du terrain et responsables des lésions chez le lapin. Soixante-neuf
souches de S. aureus ont été isolées à
partir de lapines provenant de 30 élevages industriels espagnols
avec différentes lésions purulentes chroniques. La caractérisation
des souches a été réalisée par génotypage
en se fondant sur l'analyse des régions polymorphes des gènes
coa, spa et clfB, ainsi que le typage génomique Multilocus (MLST)
sur une souche de chacun des génotypes les plus fréquents.
Les isolats ont été également analysés pour
la présence d'une quarantaine de gènes de virulence par PCR
et Southern blot, afin de déterminer leur relation avec le génotype
et le type d'infection, respectivement.
Les résultats montrent que la grande majorité des isolats
appartenant au même génotype sont concernés par les
mêmes facteurs de virulence. De même, les lésions les
plus fréquentes (mammite, abcès, pododermatite, conjonctivite,
otite), sont associées à différents profils de facteurs
de virulence. Cependant, le type d'infection n'est en aucun cas corrélé
à une combinaison de facteurs de virulence même si certains
facteurs de virulence ont été variables à l'intérieur
d'un génotype.
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Cette
étude est complémentaire de ce que B. Le Normand avait étudié
: la pathogénicité est reliée à certaines
parties du génome (PCR multiplexe mise au point par Hermans et
al.). Les
souches de haute virulence sont clonales entre elles tandis que les souches
de basse virulence sont assez diversifiées. Là encore, afin
d'améliorer le pronostic et de justifier d'un schéma thérapeutique,
il est nécessaire d'aller plus loin quand on trouve un S.
aureus en
élevage de lapin : est-ce un germe d'environnement ou un germe
spécifique du lapin ? Cette question est importante car la fréquence
d'isolement de S.
aureus sur
analyse de laboratoire est loin d'être négligeable et traiter
systématiquement dès l'isolement d'un staphylocoque est
parfaitement injustifié aujourd'hui.
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Dans
le travail de Guerrero et al., (Université de Valence, Espagne)
l'objectif était triple : d'une part présenter une description
détaillée de l'éventail des lésions macroscopiques
et microscopiques lors d'infections chroniques à S. aureus,
en conditions de terrain, chez des femelles adultes ; d'autre part de vérifier
s'il existe une corrélation entre la maladie observée et les
différents génotypes de S. aureus ; et enfin d'étudier
la réponse immunitaire de l'hôte après infection expérimentale.
Les résultats ont montré que les différentes lésions
observées étaient indépendantes du génotype
bactérien. Un large éventail de différents stades lésionnels
peut être établi sur la base des caractéristiques histopathologiques.
Les mammites chroniques ont été réparties en quatre
types différents: abcès (66,3%), mammites suppuratives (7,9%),
cellulite (19,6%) et mixtes (6,2%). Sur la base de la caractérisation
moléculaire de S. aureus, 19 génotypes ont été
identifiés. Le génotype le plus fréquent (A1/II1/delta),
a été isolé chez 56,7% des animaux. Cependant, il n'y
avait pas de relation claire entre les lésions et les souches isolées
de la glande mammaire, ce qui indique que les différentes lésions
ne sont pas nécessairement liées à la virulence des
souches. L'infection expérimentale entraîne bien une mammite
aiguë. Mais il existe une variabilité entre la virulence de
la souche et la réponse inflammatoire des animaux infectés
par la même souche, ce qui démontre l'importance des caractéristiques
des souches mais aussi de la réponse immunitaire de l'hôte
qui module la sévérité des lésions.
Cette communication,
pour aussi intéressante qu'elle soit, n'a pas d'application directe
sur le terrain. Les lésions étant indépendantes du
génotype bactérien, le praticien devra continuer à
considérer la staphylococcie dans son ensemble. On confirme l'intérêt
de renforcer - dans cette maladie comme dans d'autres - la stimulation des
défenses immunitaires de l'animal
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Les
deux communications suivantes émanent d'auteurs bulgares (Faculté
de Médecine Vétérinaire) et reposent sur des infections
expérimentales à Staphylococcus aureus. Petrov et
al, se sont est attachés à étudier les variations
de concentration sanguine de l'haptoglobine (Hp), une mucoprotéine,
élaborée par le foie, se combinant à l'hémoglobine
extra-globulaire, dont le taux augmente dans les syndromes inflammatoires.
Une analyse simultanée des signes cliniques et de la température
corporelle, avaient aussi pour but d'améliorer le diagnostic.
L'expérimentation a été réalisée chez
7 lapins NZ mâles âgés de 5 mois, inoculés par
voie sous-cutanée avec 100 µL de suspension d'une souche terrain
de S. aureus, à la concentration de 8 x 108
cfu/mL. Six lapins non inoculés ont servi de témoins. Les
données ont été enregistrées sur une période
de 21 j PI.
Des abcès et parfois des phlegmons se sont formés au site
d'injection dans les 48-72 h PI chez tous les animaux infectés et
le germe inoculé a été ré-isolé à
partir de ces lésions. Le taux de mortalité chez les lapins
inoculés était de 28,6%. Une hyperthermie marquée a
été observée chez les lapins inoculés après
6 heures et jusqu'à 72 h PI. De plus, les concentrations de Hp ont
considérablement augmenté chez les lapins infectés
par rapport aux contrôles, entre le premier jour et 7 j PI. Ces deux
paramètres sont positivement mais modérément corrélés.
Même si la température corporelle chez des lapins infectés
varie significativement, il reste difficile d'utiliser ce critère
pour diagnostiquer l'inflammation. La détermination de la concentration
sanguine en Hp pourrait être utilisée comme un biomarqueur
plus rapide, sensible et important pour la détection précoce
de l'infection chez le lapin, avant l'apparition des signes cliniques :
lésions cutanées, dème, et modifications profondes
de l'état clinique général.
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En
médecine de groupe et compte tenu du nombre d'animaux, l'application
pratique de prises de sang individuelles comme en élevage bovins
est illusoire. Les prises de sang en élevage pourraient montrer un
intérêt pour définir des profils métaboliques
par exemple ; l'intérêt serait d'avoir des facteurs prédictifs
ou de suivi. Ce type de démarche reste cependant intéressant
pour le suivi de maladies en recherche ou études expérimentales
diverses. |
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Le
papier de Georgiva et al, associé à des auteurs de
l'université de Barcelone, rapporte une étude visant à
déterminer les variations des protéines et de certaines fractions
protéiques plasmatiques chez des lapins rendus obèses et inoculés
avec S. aureus.
Six lapins NZ, ont été castrés à l'âge
de 2 mois ½, puis nourris pendant 1 mois ½ avec un régime
à 2590 kcal/kg, avant d'être inoculés à l'âge
de 4 mois, à un poids moyen de 4,43 kg, selon le même protocole
que dans l'article précédent. L'état de santé
générale, les consommations d'eau et d'aliment, la température
rectale et les lésions cutanées au site d'injection, de même
que la protéinémie, l'albuminémie et la globulinémie,
ont été mesurées pendant 21 j PI, tandis que les fractions
des globulines plasmatiques ont été suivies par électrophorèse,
pendant 7 j PI. Les paramètres enregistrés à J0, avant
inoculation ont servi de point de contrôle.
L'infection expérimentale a entraîné une forte diminution
de la consommation alimentaire et une hyperthermie marquée seulement
pendant les 6 premières heures alors que des abcès se sont
formés chez tous les lapins au site d'inoculation, entre 48 et 96
h. Une hypoalbuminémie importante et une hyperglobulinémie
ont été observées pendant 14 jours, alors que les fractions
alpha1 et béta2 -globulines ont significativement augmenté
du 2ème au 7ème jour PI. Les fractions protéiques du
sang pourraient donc être considérées comme des bio-marqueurs
sensibles et intéressants (plus que la température corporelle)
pour la détection de l'inflammation et caractériser l'intensité
de l'infection à S. aureus, chez les lapins obèses,
avant l'apparition des signes cliniques typiques.
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Néanmoins,
en application de terrain, l'électrophorèse des protéines
plasmatiques est intéressante et déjà utilisée
pour de nombreuses espèces dont l'Homme, les oiseaux et le lapin
(en médecine individuelle ou en animalerie) entre autres. La méthode
n'est cependant pas spécifique d'une maladie donnée et permet
d'affiner le diagnostic, voire de présager de l'organe préférentiellement
atteint mais les multiples affections latentes des lapins d'élevage
peuvent perturber l'interprétation de tels examens.
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3.1.2 Salmonella Typhimurium. |
Bien que les salmonelloses
soient peu fréquentes chez le lapin, elles peuvent conduire à
une forte morbidité et des mortalités dans les élevages
atteints. Elles ont aussi un rôle majeur en santé publique
et par ailleurs, les multirésistances aux antibiotiques observées
pour ces bactéries compliquent les traitements, aussi bien chez
le lapin que chez l'homme.
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Camarda
et al., (Université de Bari, Italie), estimant que les connaissances
vis-à-vis des salmonelles restent insuffisantes en cuniculture, a
engagé une étude concernant 4 souches de S. Typhimurium issues
de 4 élevages différents afin d'étudier leur sensibilité
aux antibiotiques et de les caractériser par une analyse des gènes
de résistance, des gènes des intégrons(1) de classe
1 et par PFGE (Pulsed-Field Gel Electrophoresis, technique de biologie moléculaire).
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(1)
Les intégrons sont des éléments génétiques
exclusivement bactériens (principalement bactéries Gram-),
impliqués dans l'expression et la dissémination de gènes.
Certains sont donc le support de la multi-résistance des bactéries
aux antibiotiques. Les intégrons associés aux gènes
de résistance aux antibiotiques, sont hébergés au sein
de transposons eux-mêmes véhiculés par des plasmides
très souvent conjugatifs ou dans des ilôts génomiques
(SGI1 et ses dérivés chez Salmonella typhimurium). |
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Les
principaux résultats montrent que 3 des souches provenant de la même
région (La Basilicate) appartiennent à des lysotypes différents
(hébergent des phages différents) mais sont apparentées
(possèdent le même pulsotype STYMXB.0061). La dernière
souche provenant des Pouilles est de lysoptype différent et a un
profil PFGE complètement distinct. Le groupe des 3 souches est impossible
à distinguer des isolats humains pour ce qui est du profil PFGE,
du profil de multi résistance aux antibiotiques et des caractéristiques
génétiques (hébergent le même ilôt génomique
de Salmonella (SGI1)) qui caractérisent les souches de S.
Typhimurium très répandues chez les êtres humains
partout dans le monde. Ces données suggèrent que la caractérisation
moléculaire est un outil utile pour reconnaître rapidement
les souches de Salmonella qui sont potentiellement dangereuses pour
les lapins ou l'homme. |
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La
génomique bactérienne permet aujourd'hui de tracer les souches
: une souche de S.
Typhimirium
n'est pas forcément identique à une autre souche de S.
Typhimirium.
La contamination d'élevages de lapins à partir de souches
humaines est une information intéressante, que l'on suspectait mais
que nous ne pouvions pas prouver avec la bactériologie de routine
! Les mesures de biosécurité adaptées aux pathogènes
revêtent ici tout leur sens : éducation et formations des éleveurs
sont des éléments clefs dans cette problématique. Les
notions de portage et de protection des animaux par rapport à ce
portage sont souvent ignorées. Le même débat pourrait
être fondé pour le staphylocoque.
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La
deuxième communication sur Salmonella de Saco et al.,
(Espagne), est une étude rétrospective réalisée
sur 4 ans (janvier 2008 - décembre 2011) visant à évaluer
les facteurs de risques de salmonellose chez le lapin, à partir de
2270 visites dans 395 élevages dont 374 espagnols et 21 portugais.
Les résultats sont mis en parallèle avec une précédente
étude rétrospective (1999-2007).
Quatre pour cent des élevages possédaient des lapins présentant
des signes cliniques compatibles avec la salmonellose ; résultat
confirmé par l'isolement de Salmonella spp. C'est le même
pourcentage que celui de l'étude de 1997-2007. Il semble que les
3 types de souches majoritaires (Salmonella IIIa 48:, Salmonella
enteritidis et Salmonella typhimurium) soient bien adaptés
au lapin et impliqués dans presque tous les foyers de salmonelloses
touchant des élevages espagnols. Bien que l'incidence clinique de
la salmonellose soit faible, il est nécessaire de maintenir les contrôles
ainsi que des études microbiologiques systématiques au niveau
de toute la filière, pour éviter toute diffusion de cette
bactérie dans les élevages de production. C'est en tout cas
un objectif, du point de vue des associations de gestion de la santé
animale des lapins de chair qui ont prévu des protocoles visant à
comparer les souches entre les exploitations touchées et d'établir
les connexions avec les centres de sélection, de multiplication et
centres d'insémination artificielle, ainsi que les relations avec
les abattoirs.
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Sachant
que sur d'autres espèces, sur d'autres continents, la transmission
se fait essentiellement par voie alimentaire, il serait intéressant
d'ajouter également à de tels plans une étude de
la contamination des intrants par voie alimentaire ainsi que de la faune
sauvage présente dans les élevages (insectes, rongeurs..).
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3.1.3
Escherichia coli |
Les
E. coli entéropathogènes restent une dominante pathologique
dans les pays de production de lapins et notamment en Italie.
Dans une première communication sur cette bactérie, Badagliacca
et al., (Equipe italienne et co-auteur canadien) ont utilisé
l'un des derniers outils de la biologie moléculaire, des biopuces
(DNA microarray) pour définir les profils génétiques
de résistance aux antibiotiques chez des souches d'E. coli
entéropathogènes isolées lors d'épisodes entéritiques,
en Italie du Nord. Les biopuces ont été conçues pour
pouvoir détecter les gènes de résistance à un
large panel de familles d'antibiotiques, mais aussi les éléments
génétiques mobiles tels que les intégrons de classe
1, 2 et 3 et transposon Tn21. Le génotypage a été réalisé
sur 26 souches d'E. coli entéropathogènes issues de
14 élevages différents.
Parmi les éléments génétiques mobiles, seuls
les gènes d'Integron de classe 1 ont été détectés,
dont six associés avec le gène tnpM, confirmant une importante
circulation du transposon Tn21, jamais décrit chez les E. coli
chez le lapin. Chaque souche était positive pour au moins une famille
d'antibiotique. Il a pu aussi être mis en évidence des éléments
mobiles responsables de multirésistance aux antibiotiques : aminoglycosides,
tétracyclines et sulfa-triméthoprime. A travers ces résultats,
les biopuces se sont révélées être de puissants
outils de recherche, confirmant ici la base génétique de la
diffusion des multirésistances aux antibiotiques, mais au-delà,
être aussi très intéressantes du point de vue du diagnostic.
Les auteurs de ctte
commuication ont sélectionné vingt six souches E. coli
PCR eae et afr/2 +, provenant de 14 fermes avec clinique diarrhéique
: ils ont respecté ainsi le diagnostic clinique et les éléments
indicateurs de pathogénicité du diagnostic de laboratoire.
Le gène de résistance le plus fréquent (20/26) est
le gène détecté sur des souches E. coli résistances
à l'apramycine, tandis que les gènes de résistance
les moins fréquents sont ceux qui concernent les phénicolés,
quinolones, et l'érythromycine. L'intérêt terrain est
double : d'une part, ne pas appeler colibacillose des isolements de colibacilles
sans diagnostic clinique et sans PCR eae. D'autre part, l'application des
principes de dose-dépendance pour les aminosides sur les colibacilles
devrait amener l'ensemble de la filière à bien respecter les
doses suffisantes pour atteindre au moins 10 fois la CMI, et ne surtout
pas sous-doser.
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|
Le
second article concernant E.coli, de Calhoa et al. est à notre
sens sans intérêt malgré le travail réalisé
car incomplet et dont les résultats sont en conséquence impossibles
à interpréter. L'idée était sans doute bonne
au départ car il s'agirait d'une première étude portugaise
sur cette thématique, visant à évaluer la prévalence
de la colibacillose dans le centre et le nord du Portugal et de vérifier
si certains facteurs environnementaux (taux d'ammoniac, hygrométrie
)
au niveau des élevages pouvaient avoir un impact. Le gros problème
est que les auteurs ont confondu présence d'E. coli et colibacillose.
Aucune donnée n'est en relation avec la clinique, absente de l'étude,
si ce n'est qu'il est fait mention de réduction de croissance dans
12,2% des élevages analysés (5/41). Aucune numération
n'a été faite et aucun sérogroupage réalisé
sur les souches identifiées pour vérifier s'il s'agissait
d'EPEC. |
|
Ces
auteurs ne font pas de discrimination des colibacilles (PCR eae). Faire
une analyse de données, quelle qu'elle soit, sur des colibacilles
" tout venant " ne permet aucune interprétation pratique.
La PCR eae est un passage obligé avant de parler de possible colibacillose. |
3.1.4
Pasteurella multocida |
La
communication de Liu et al., (Hangzhou, Chine) apporte une technique
supplémentaire aux méthodes existantes pour le diagnostic
de Pasteurella multocida (cf Licois et Boucher, 2009, Ombres et Lumières
- 9ème congrès mondial de cuniculture). Une technique ELISA
(indirect enzyme-linked immunosorbent assay) a été développée
en utilisant comme antigène une protéine recombinante, OmpA
(2), exprimée chez E. coli. Initialement, un fragment d'ADN
génomique d'une souche référencée de P. multocida
(C51-2-499) de 1080 bp correspondant à la séquence complète
du gène ompA a été amplifié par PCR avant d'être
clonée dans un vecteur d'expression plasmidique qui lui, a été
introduit (transformation) dans une souche non pathogène d'E.
coli référencée BL21 (DE3), apte à l'expression
de protéines recombinantes. Sensibilité et spécificité
ont été validées. |
|
(2)
OmpA est une protéine de la membrane externe des bactéries,
interagissant avec le peptidoglycane. Cette protéine est codée
par le gène ompA. |
|
Les
tests ELISA ont permis de détecter des anticorps contre ompA chez
des lapins immunisés avec des préparations (bacterin) issues
de la souche C51-2-499. Des anticorps anti ompA ont également été
détectés dans le serum de 40% de lapins (42/106) provenant
de 3 élevages différents, alors que parallèlement 19%
des détections par PCR étaient positives. Aucune réaction
croisée n'a été observée sur des serums de lapins
infectés par d'autres bactéries Gram- ou Gram+ telles que
E. coli, Bordetella bronchiseptica, Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus
aureus. Cette technique ELISA peut donc être particulièremement
utile et rapide pour le diagnostic précoce de Pasteurella multocida,
aussi bien pour déceler des animaux malades que pour un screening
de portage chez des animaux sains. |
|
Malheureusement
cette technique n'affranchit pas du diagnostic clinique, de la réalisation
d'antibiogramme en vue du traitement, ni du test biochimique de pathogénicité
(recherche de la présence d'enzyme ODC) ce qui, de ce fait, n'apporte
pas au praticien de terrain une réelle avancée et augmente
les coûts d'analyse de manière significative. Ce type de
données est intéressante à titre de recherche ou
pour des lignées SPF.
|
3.2
Communications concernant la virologie
|
3.2.1
Maladie hémorragique virale (VHD) |
La
communication de Pugliese et al. (Equipe de A. Camarda, Université
de Bari, Italie). concerne également le diagnostic d'une autre maladie,
la VHD, Ces auteurs font d'abord quelques rappels sur l'importance de la
maladie, sa contagiosité, sur les caractéristiques du virus
et l'existence de plusieurs virus : EBHSV (European Brown Hare Syndrome
Virus), RHDV (Rabbit Hemorrhagic Disease Virus) et d'un certain nombre de
variants de RHDV dont le nouveau variant qui circule notamment en France.
Sont évoqués ensuite les difficultés méthodologiques
du diagnostic, liées à la variabilité du virus. La
méthode la plus couramment utilisée jusqu'à présent
est une technique ELISA, mais plus récemment des approches moléculaires
ont été mises en oeuvre pour détecter et différencier
RHDV et EBHSV. Elles se sont cependant avérées insuffisantes,
dans certains cas, pour détecter le nouveau variant.
C'est pourquoi il a été proposé ici une autre technique
moléculaire, une RT-PCR, susceptible de détecter et discriminer
en un seul test, aussi bien l'EBHSV que le RHDV, le RHDVa (non pathogène)
et le nouveau variant.
|
|
Ces
techniques d'un coût modeste sont rapides et fiables. Elles devraient
à terme remplacer les techniques ELISA très employées
en diagnostic de terrain car elles sont plus discriminantes. Elles permettront
au praticien d'adapter son plan vaccinal.
|
3.2.2
Myxomatose |
uite
à des cas de myxomatoses, survenant même après vaccination,
dans des élevages espagnols, Dalton et al. (Université
d'Oviedo, Espagne), se sont intéressés à la caractérisation
des virus circulants et à la réponse immunitaire des lapins
vaccinés, aussi bien en condition de laboratoire que de terrain.
Se pose en effet la question de l'efficacité même des vaccins
MV (Myxoma Virus). La première hypothèse est celle de l'émergence
de nouvelles souches qui échapperaient à la réponse
immunitaire engendrée par la vaccination. La seconde possibilité
est une mauvaise utilisation des stratégies de vaccination. |
|
Les
auteurs rappellent les caractéristiques des souches de MV, réparties
en 5 classes selon leur virulence (de A, pour la virulence la plus forte,
à E, pour la plus faible) soulignant qu'il n'y a pas à l'heure
actuelle de moyen fiable pour caractériser ces différentes
classes, notamment sur la base des analyses de séquences génomiques.
Néanmoins les auteurs ont combiné PCR et séquençage
pour caractériser et distinguer les souches de virus actuellement
en circulation, responsables de myxomatose dans les élevages espagnols.
La souche virale "Grenade -05/09" représentative des isolats
analysés, a été caractérisée pour sa
virulence et s'est révélée être de grade A. Ensuite,
des essais de vaccination ont été réalisés avec
3 vaccins homologues commerciaux et un challenge avec la souche Grenade
-05/09", dans le cadre du terrain et en conditions de laboratoire.
La séroconversion a été évaluée par ELISA.
Parallèlement 2 modes d'administration du vaccin ont été
évalués (voies intra-dermique et sous-cutanée). |
|
Les
conclusions de l'étude indiquent que les vaccins actuellement utilisés
en Espagne sont susceptibles de protéger efficacement les animaux
contre les souches virulentes qui circulent actuellement, à condition
que la voie intra-dermique soit utilisée. Dans le cas d'une vaccination
par injection S/C, même si un rappel améliore l'efficacité,
un certain pourcentage d'animaux restent séronégatifs et ne
seront pas protégés. |
|
Il
est intéressant de noter qu'à l'inverse de la VHD, le virus
de la myxomatose est toujours le même (les séquences virales
sont conservées) et les cas de myxomatose rencontrés en
Espagne ne sont pas dus à un virus qui aurait évolué.
La vaccination homologue en intradermique donne une meilleure séroconversion
mais aussi un challenge viral 100 % réussi (le challenge viral
est le test le plus probant pour la protection). Le virus de la myxomatose
a un tropisme cutanéo-muqueux, il n'est donc pas surprenant que
l'administration directement sur le site préférentiel pour
le virus (sauvage ou vaccinal) donne de meilleurs résultats ; néanmoins,
en Espagne, différents vaccins ont une autorisation par voie sous-cutanée.
L'auteur signale que l'hétérogénéité
des programmes conduit à une absence de maîtrise de la maladie
; la stratégie vaccinale passe par une action raisonnée
de masse ; il est bon de rappeler également que la vaccination
vient toujours en complément des mesures de biosécurité.
|
3.2.3
Herpèsvirus |
Dans
leur communication, Sunohara-Nielson et al. font état de l'identification
d'un nouveau herpèsvirus, dénommé Leporid herpesvirus-4,
responsable de mortalité en Amérique du Nord et rapportent
ici des essais expérimentaux visant à caractériser
la maladie afin de proposer une méthode de diagnostic vis-à-vis
de ce virus sur la base du tableau clinique et lésionnel. |
|
Les
herpèsvirus (Herpesviridae) sont une famille de virus à
ADN qui provoquent des maladies chez l'homme et de nombreux animaux. Chez
le lapin, quelques rares articles font état d'atteintes par des herpèsvirus.
Mais en 2008 et 2010, des cas ont été décrits chez
des lapins issus d'élevages commerciaux au Canada. Sur la base des
informations de séquence du gène de la réductase ribosomale,
il a été constaté que ce virus appartenait à
la sous-famille d'alpha-herpèsvirus qui sont étroitement liés
aux herpèsvirus humains et bovins. |
|
Des
inoculations intranasales ont été réalisées
afin de déterminer l'évolution clinique de l'infection et
de suivre l'excrétion du virus et le développement d'anticorps
sériques. Le pic d'expression des signes cliniques se situe entre
3 et 7 post l'infection (PI). Ceux-ci comprennent une détresse respiratoire,
un écoulement nasal séreux et oculaire et une légère
perte de poids. Le virus a pu être isolé à partir des
sécrétions nasales pendant cette période le virus a
pu être identifié par PCR.
Les principales constatations histopathologiques sont une rhinite suppurative
et ulcérative (3 j PI), une nécrose splénique multifocale
à coalescente (5 j PI) et une broncho-pneumonie fibrino-suppurative
(7 j PI). Des corps d'inclusion intranucléaires caractéristiques
des virus herpès sont présents dans ces tissus à 3
et 5 j PI. Les lapins commencent à se rétablir à partir
du 8ème jour et la présence d'anticorps neutralisants peut
être décelée à 11 j PI. Pendant la phase aiguë
de la maladie, le LHV-4 peut être diagnostiqué sur la base
des constatations histopathologiques ou l'isolement du virus dans les sécrétions
nasales. La sérologie est utile pour le diagnostic chez les animaux
convalescents |
|
Pour le moment, cette
virose semble confinée au continent nord américain et il
n'y a pas lieu d'être inquiet pour l'Europe d'autant que les herpesvirus
sont des virus fragiles : ils résistent très peu de temps
dans le milieu extérieur et l'infection se fait donc nécessairement
par contact étroit. Cependant il est toujours bon d'être
prévenu.
|
3.3
Autres communications
|
Cause
apparente de mortalité des lapines dans les élevages de la
péninsule ibérique |
Rosell
et de la Fuente (Espagne) ont essayé de déterminer les causes
de mortalité et leur fréquence chez les lapines sur le terrain,
à partir de 1000 autopsies (803 lapines mortes et 197 moribondes-euthanasiées).
Les données ont été recueillies lors de 488 visites
effectuées dans 173 élevages, en Espagne et au Portugal, au
cours des années 2006-2011. Cette analyse fait suite à une
précédente étude des mêmes auteurs, publiée
en 2009, pour également plus d'un millier d'autopsies réalisées
entre 1996 et 2005.
Cette étude rétrospective confirme et/ou précise ce
qui est connu dans d'autre pays de production cunicole (tableau 1) : la
pathologie respiratoire rend compte pour environ 31 % de la mortalité
des femelles, suivie par la pathologie intestinale (22%). Il resterait pour
compléter ces données à relier ces causes de mortalité
à l'âge et au stade physiologique et de production des femelles,
afin de mieux adapter les protocoles de prévention et éventuellement
de traitement.
|
Tableau
1: Pourcentages de mortalité en fonction des causes apparentes
de mortalité ou de maladie pour 100 lapines. Autopsies réalisées
dans 173 élevages de reproduction en Espagne et au Portugal au cours
d la période 2006-2011 et comparaison avec les résultats d'une
étude antérieure pourtant sur 1046 lapines provenant de 254
élevages pour la période 1996-2005 (Rosell et de la Fuente) |
|
|
L'impact
des pasteurelles démontré ici confirme les données
terrain et les statistiques des thérapeutiques utilisées
en élevage ; cependant, il faudrait pouvoir remettre ces autopsies
dans le contexte de l'élevage : mais l'éleveur peut-il suivre
les causes de mortalité en ouvrant des lapines de temps en temps
? A quel stade du cycle ces autopsies sont-elles intéressantes
? Les connaissances peuvent progresser avec l'autopsie plus systématique
des lapines, mais les éleveurs manquent de formation, n'aiment
pas faire cela, et n'ont pas forcément le temps. Et pourtant, ces
éléments bien cadrés seraient une source de renseignements
importante et bénéfique au progrès de la compréhension
du sanitaire en maternité.
|
Hypervitaminose
D3 en Espagne |
Un
second article de Rosell et al. traite de la calcinose chez les lapines
en lien avec l'administration orale de vitamine D3.
Chez le lapin, l'absorption intestinale du calcium est proportionnelle à
la teneur en calcium de l'aliment. L'excès de calcium est excrété
par voie urinaire mais l'hypercalcémie prédispose à
la calcification des tissus mous et à l'urolithiase, ce qui peut
conduire à une insuffisance rénale chronique. Celle-ci à
son tour favorise l'hypercalcémie. L'hypercalcémie peut également
être le résultat d'une hypervitaminose D, en raison d'une consommation
excessive de vitamine D3. La vitamine D3
est métabolisée au niveau du foie en 25-hydroxy-vitamine D.
Le taux plasmatique de référence de la 25 (OH) D est de 250
nmol / L ; l'hypercalcémie survient lorsque cette concentration est
> 375-500 nmol / L (env. 150-200 ng / ml et 150-200 ng / j, respectivement).
Chez le lapin, la calcinose a été associée à
des lésions organiques. Les facteurs de risques potentiels sont l'âge,
la teneur en calcium de l'aliment, les surdosages de vitamine D. Les buts
de cette étude rétrospective étaient les suivants:
1-/ de suivre des cas cliniques de toxicose due à la vitamine D3
et 2-/ d'évaluer les cas de calcinose sporadique lors d'autopsies
réalisées au niveau du terrain, au cours des années
2010-2011.
|
|
Les
données ont été recueillies à partir de 708
femelles autopsiées provenant de 101 élevages espagnols. Il
s'avère que dans 75% des élevages évalués, les
éleveurs supplémentent les femelles à chaque cycle
de reproduction (au moment de l'IA), avec de la vitamine D3
(dans l'eau de boisson, par voie sous cutanée ou les 2). Les doses
varient de 2 000 à 125 000 UI. A l'autopsie, 10% des femelles ont
présenté des niveaux variables de minéralisation de
l'aorte, de l'estomac, du rein, du cur et d'autres organes mous. La
présence de calcium a été confirmée à
l'examen histopathologique. La supplémentation en vitamine D3,
par voie orale mais encore plus par voie sous cutanée, constitue
un facteur de risque important qui croît avec la dose (tableau 2).
La plus grande prudence, concernant l'administration de la vitamine D3 en
élevage est donc fortement recommandée. |
|
|
Dose
mensuelle de vitamine D3 (x 1000 UI) |
Calcinose |
0 |
0-1 |
1-10 |
10-25 |
>25 |
Non (n) |
15 |
109 |
181 |
170 |
19 |
Oui (n) |
2 |
4 |
14 |
30 |
21 |
Morbidité
% |
1,3 |
3,5 |
7,2 |
15,0 |
52,5 |
Tableau 2 :
Incidence de la dose mensuelle de vitamine D3 reçue
par les lapines sur la fréquence des calcinoses
|
|
1994
avait été une année clé en France pour l'avènement
de cette affection. Depuis une réduction des apports phospho calciques
a permis d'enrayer la maladie que nous ne croisons plus du tout dans notre
pays.
|
Impact de la mycotoxine
T2 |
Une
équipe hongroise, Rajli et al., a étudié l'impact
de la mycotoxine T2 produite par Fusarium spp
sur certains paramètres relatifs à la fertilité des
mâles.
Plusieurs études ont mis en avant le rôle des facteurs environnementaux
sur la fertilité masculine et plus généralement des
mâles chez diverses espèces animales. Les mycotoxines sont
des contaminants fréquents des céréales et autres productions
végétales. La toxine T2 (trichothécène)
de Fusarium sporotrichioides a été utilisée
dans 3 expérimentations, afin de déterminer son action éventuelle
sur certains paramètres de la reproduction chez les mâles (tableau
3)
|
|
Tableau 3: Essais avec différentes doses et
durées d'exposition à la toxine T2 |
|
Le 1er essai
montre qu'une dose forte de T2, outre une chute
de poids sévère associée à une sous consommation
alimentaire, entraîne une diminution de la motilité des spermatozoïdes,
une augmentation du nombre de spermatozoïdes présentant des
anomalies morphologiques et une baisse du niveau de testostérone.
Dans le 2ème essai, une réduction de la consommation
d'aliment a été observée uniquement pour les 2 doses
les plus élevées alors qu'aucune différence n'a été
constatée pour la qualité du sperme sauf pour le lot ayant
reçu la dose la plus forte (0,2 mg/j/animal) avec augmentation
du ratio de spermatozoïdes contenant des gouttelettes cytoplasmiques,
et réduction du taux de GnRH induisant la production de testostérone.
Le dernier essai correspondant à une administration via
l'aliment de 33 et 66 ppm de T2 n'a eu aucun effet
significatif sur la consommation alimentaire, le poids corporel et les
paramètres spermatiques.
En résumé,
une exposition chronique inférieure à 0,1 mg/animal/j peut
être tolérée et au-delà de 0,1 mg/animal /j
des troubles de la fertilité des mâles peuvent survenir.
|
|
Cette
étude confirme l'impact des mycotoxines sur les fonctions de reproduction
lors de contaminations importantes (contaminations expérimentales
contrôlées) ; elle confirme aussi d'autres études
antérieures n'ayant pas permis de mettre en évidence des
conséquences sur la santé des lapins lors de contaminations
plus modestes et plus conformes à des hypothèses "
terrain ". Les mycotoxines de champ ont un impact possible sur les
rations faites " à la ferme " mais en élevage
rationnel, les mycotoxines semblent, en l'état actuel des études
sur le lapin, avoir un rôle extrêmement mineur dans les maladies
du lapin. Rappelons qu'à l'inverse des bovins où les résultats
de reproduction diminuent depuis une quinzaine d'années, les résultats
de reproduction en élevages de lapin ne cessent de s'améliorer
sur la même période.
|
Entéropathie
alimentaire
=> perturbations caecales et sanguines |
Laurent-Bennegadi
et al. (France) ont évalué l'incidence d'une entéropathie
non spécifique (d'origine nutritionnelle) sur l'activité microbienne
caecale et le profil de certains paramètres sanguins.
La diarrhée, principal signe clinique des lapereaux atteints de troubles
digestifs, se traduit par des perturbations métaboliques, notamment
du métabolisme hydrominéral, lors d'entérites spécifiques
(coccidiose, colibacillose
). Peu d'études se sont focalisées
sur les perturbations physio-pathologiques dans le cas de diarrhées
non spécifiques (n'impliquant pas un germe pathogène). Parmi
les facteurs nutritionnels, le taux de fibres digestibles peut avoir un
impact sur la santé digestive du lapin et sur l'activité microbienne
du caecum. Le présent travail avait pour objectif d'étudier
l'activité microbienne caecale (activité cellulolytique bactérienne,
produits de fermentation) et d'établir le profil biochimique et minéral
sanguin, dans le cas d'une entérite expérimentale d'origine
nutritionnelle.
|
|
Au
total 439 lapins conventionnels hébergés en cage collective
(359) ou individuelle (80) ont reçu, soit un régime standard
(ADF=190 g./ kg MS) ou bien déficient en fibres (ADF= 90 g./ kg MS)
du sevrage (28 j.) à 70 jours d'âge. Chez les lapins atteints
de diarrhée, l'activité fermentaire caecale est fortement
perturbée (- 40% pour les AGV et - 35% pour l'activité pectinasique)
en lien avec la diminution de substrat disponible et probablement un déséquilibre
de la communauté microbienne intestinale. Ainsi, une forte réduction
du taux de fibres digestibles double le risque de troubles digestifs et
affecte les performances comme la croissance. Le métabolisme des
animaux est profondément modifié avec une hypoglycémie,
probablement liée à une chute de la consommation alimentaire
; une hyperurémie, hypercholestérolémie et hypoalbuminémie
sans doute associées à des dysfonctionnements rénaux
et hépatiques ; enfin une hémoconcentration et une hypokaliémie
résultant d'une perte potassique par voie fécale. |
|
Les
perturbations enregistrées avec ce modèle de reproduction
expérimentale de diarrhée d'origine nutritionnelle sont très
similaires à celles décrites pour des entérites spécifiques
telles que coccidioses et colibacilloses. |
|
On
soulignera encore une fois l'importance de l'alimentation dans l'avènement
d'une maladie intestinale.
|
Obésité induite
chez l'adulte |
Mokrani-Zoulikha
et al. (Algérie) ont analysé les effets de l'obésité
induite par un régime hypercalorique sur la morphologie et la fonction
des glandes surrénales, sur la lipémie et sur le métabolisme
de l'insuline.
Chez l'homme, la sécrétion hormonale de l'axe hypophyso-surrénalien
des patients atteints d'obésité et présentant le syndrome
de Cushing est affectée. Chez ces patients, une surexpression d'une
enzyme (11béta-HSD1), dans le tissu adipeux, augmente la synthèse
de glucocorticoïdes qui induit une prolifération de pré-adipocytes
et leur différenciation en adipocytes. Depuis plusieurs décades,
le lapin est utilisé comme animal modèle pour des études
sur l'obésité. Le but de ce travail était d'évaluer
l'impact de l'obésité sur la morphologie et le fonctionnement
des glandes surrénales.
|
|
Deux
groupes de 16 lapins mâles NZ ont reçu respectivement un régime
hypercalorique (454 Kcal/j) ou un régime standard (258 kcal/j), pendant
15 semaines avant d'être euthanasiés. De nombreux paramètres
hormonaux de l'axe hypophyso-surrénalien ou du métabolisme
des lipides ou du glucose ont été analysés. Parallèlement
des observations histologiques ont été effectuées sur
les glandes surrénales. |
Figure 2 : Evolution du poids vif des 2 groupes de
lapins alimentés avec un aliment témoin ou un aliment hypercalorique |
Note complémentaire de F. Lebas :
Le peu d'indications sur la composition des 2 aliments fourni par les auteurs
semble totalement incohérent avec toutes les pratiques alimentaires
utilisées pour l'élevage des lapins . L'aliment témoin
contiendrait, selon des auteurs 22,5% de matières grasses et 48%
de sucres solubles , conduisant en libre accès à une ingestion
de 258 kcal/jour. L'aliment expérimental induisant l'obésité,
d'origine commerciale, contiendrait "seulement" 12% de matière
grasses et 22,5% de sucres solubles (comment peut-ils être qualifié
d'hypercalorique avec 2 fois moins de matères grasses ??) et conduirait
en consommation spontanée à une ingestion de 454 kcal/jour.
Il est plausible que la composition des 2 aliments a été inversée
lors de la rédaction de la publication, mais en tout état
de cause JAMAIS les lapins ne sont nourris avec un aliment contenant de
telles quantités de matières grasses. Par voie de conséquence,
même les valeurs du lot témoin doivent pas être consdérées
comme représentatives de la situation physiologique et nutritionnelle
d'un lapin de production. |
Le
régime hypercalorique induit une augmentation significative du poids
vif, du tissu adipeux viscéral et des surrénales. Les triglycérides,
le cholestérol total et LDLc s'élèvent aussi avec ce
régime, tandis que le HDLc diminue, en association avec une hyperglycémie
et une hyper insulinémie. L'ACTH plasmatique augmente également
chez les lapins obèses. La structure histologique des surrénales
chez ces animaux est affectée : épaisseur moindre de la zone
réticulée alors que les zones fasciculée et glomérulée
sont hypertrophiées. La zone médullaire présente une
fibrose intense. |
|
En
conclusion, l'obésité induite par un régime hypercalorique
induit un stress nutritionnel qui stimule les sécrétions d'ACTH
et de cortisol par l'axe hypophyso-surrénalien. Ces perturbations
pourraient être responsables des modifications histologiques des glandes
surrénales et être corrélées à un processus
d'apoptose (présence de nombreux noyaux pycnotiques). |
|
Cette
étude sur l'impact de la suralimentation est intéressante,
compte tenu de l'importance de la préparation des animaux comme
futurs reproducteurs et des difficultés rencontrées sur
le terrain. C'est une étude sur le mécanisme (par exemple
: pas d'hypercortisolémie mais augmentation des niveaux de cortisol
dans les surrénales et dans la graisse. Certains constats sont
intéressants : les différences sur le poids entre les 2
groupes apparaissent seulement à la 6ème semaine, ce qui
démontre bien les limites d'une pesée unique pour déterminer
l'état d'engraissement satisfaisant ou insatisfaisant de l'animal,
mais aussi la nécessité d'avoir un suivi de pesées
suffisamment éloignées dans le temps. Notons toutefois que
les animaux utilisés sont des mâles et que l'on peut s'interroger
sur la validité d'étendre les données de cett étude
aux femelles. Compte tenu des problèmes de préparation des
jeunes lapines, la poursuite de ce travail, avec des critères prédictifs
discriminants autres que le poids, nous semble utile à la filière.
|
Effet des fortes températures
et système immunitaire |
Dans
un dernier travail, Ferrian et al. (Université de Valence,
Espagne) ont comparé les effets d'une température élevée
sur le système immunitaire de femelles issues de 2 lignées
génétiquement sélectionnées pour des critères
de productions différents. |
|
Le
stress est généralement considéré comme un facteur
important affectant la productivité des animaux, car il est capable
d'induire une immuno-suppression et peut mener à une augmentation
de la fréquence des maladies. En fait, il a été décrit
que le stress thermique chronique peut affecter négativement la réponse
immunitaire chez plusieurs espèces animales de production. Des lapins
de lignées génétiques différentes sont également
susceptibles de développer des réponses immunitaires différentes
à un stress thermique.
La présente étude avait pour objectif de comparer la capacité
des femelles appartenant à 2 lignées sélectionnées
sur des critères de production différents, à surmonter
un stress thermique et de mesurer la réponse immunitaire en analysant
les populations de lymphocytes sanguins. Les critères de sélection
choisis étaient, pour la première lignée, la longévité
(LP) et pour la seconde, la taille de portée au sevrage (V) avec
2 générations pour cette même lignée, V16 et
V36. |
|
Les
résultats ont montré que les femelles de la lignée
LP avaient un nombre élevé de lymphocytes sanguins totaux.
Ces animaux étaient capables en outre de moduler leur réponse
immunitaire au cours du cycle gestation-lactation via le nombre total de
lymphocytes. A l'inverse, les femelles V16 et V36 (lignée V) étaient
incapables de s'adapter à la situation de stress, puisque le nombre
total de lymphocytes sanguins est resté constant (V16) ou en diminution,
pour atteindre des valeurs basses à la seconde parturition (V36).
Ces résultats suggèrent aux auteurs que la sélection
pour la prolificité, pendant autant de générations,
pourrait avoir un impact négatif sur les capacités de réponse
et d'adaptation du système immunitaire. A l'opposé, l'utilisation
de la lignée LP dans les élevages commerciaux devrait accroître
la robustesse des femelles et conduire à une amélioration
de leur production ainsi qu'à mieux lutter contre les pathogènes. |
|
Les
études épidémiologiques menées par les écoles
vétérinaires, l'AFSSA (Anses aujourd'hui) et des firmes privées
en 1997 et 1998 avaient également mis en évidence le rôle
prépondérant des conditions d'élevage dans la survenue
d'une maladie. En outre, on constate que l'été, en France,
le lapin est plus difficile à élever et tombe plus facilement
malade. Un travail sur les conditions d'élevage reste à affiner
pour aider globalement à la lutte contre les maladies. |
|
Le
premier auteur de cette communication a été récompensé
pour la qualité de son travail et de sa présentation orale
pour la session "Pathologie et hygiène".
|
|
|
IV
- LA TABLE RONDE SUR LES COCCIDIOSES ET LES MOYENS DE CONTROLE
|
|
Pour
terminer cette analyse relative à la session pathologie et hygiène,
quelques mots sur la table ronde animée par Dominique Licois dont
le thème était "Coccidiostats and alternatives against
coccidiosis in rabbits" [Coccidiosats et méthodes alternatives
de lutte contre les coccidioses du lapin]
Après un bref rappel sur les espèces de coccidies pouvant
parasiter le lapin et leurs principales caractéristiques (localisation,
pouvoir pathogène et immunogène), les raisons de l'importance
de coccidioses en élevage sont évoquées. Puis les molécules
anticoccidiennes disponibles sont mentionnées pour une utilisation
thérapeutique : sulfonamides (sulfaquinoxaline, sulfadiméthoxine),
triazones (diclazuril, toltrazuril) ou préventive : robénidine,
diclazuril
Les problèmes potentiels inhérents à
leur utilisation ont également été développés.
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Dans
un deuxième temps, les stratégies alternatives sont proposées.
Elles reposent sur quatre catégories d'actions :
1. Mesures d'hygiène spécifiques
à cette parasitose ;
2. Orientation vers l'utilisation de
la phytothérapie/aromathérapie ainsi que des pré- et
pro-biotiques ;
3. Développement de la résistance
génétique aux maladies et plus précisément aux
coccidioses ;
4. Appel à la vaccination.
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Au
cours de la discussion, Michel Colin (Copri) est intervenu pour parler des
essais réalisés depuis 2003 dans un élevage où
aucun antimicrobien n'est administré et où, depuis 2008, l'usage
des anticoccidiens est en régression. L'un des principaux résultats
est que, au bout de 4 années, le nombre d'oocystes excrétés
a été réduit de près de ½ log. D'un autre
côté, la mortalité a régressé de 50% mais
aucune corrélation significative n'a été démontrée
ente ces deux constats. L'autre point qui résulte de ces essais est
qu'il faut travailler au niveau des femelles mais que c'est un travail de
longue haleine.
Hervé Garreau (INRA Toulouse) de son côté, a fait part
des travaux sur la résistance génétique aux maladies,
avec là aussi des perspectives encourageantes et qui s'inscrivent
sur du long terme.
Dominique Licois a évoqué quelles mesures d'hygiène
pouvaient être appliqués pour lutter contre les coccidies et
limiter l'impact des coccidioses. Il a également parlé des
souches précoces utilisables comme vaccin, mais dont le développement
et la commercialisation n'ont jamais été entrepris.
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Les
éléments importants sont les procédures de décontamination
et la maîtrise des maladies intercurrentes. |
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