19 février 2013 - Journée d'étude ASFC «Sharm El-Sheikh - Ombres & Lumières»

Introduction et synthèse générale du congrès
par


Chantal DAVOUST-DOUMBOUYA
Présidente de l'ASFC
INZO°- Rue de l'église - BP 19 - Chierry - 02402 CHÂTEAU THIERRY Cedex

 

Introduction


Chantal Davoust-Doumbouya lors de sont intervention


La délégation française lors du Congrès

Le dernier congrès mondial de cuniculture organisé par la World Rabbit Science Association (WRSA) s'est tenu en Egypte à Sharm El-Sheikh du 3 au 6 septembre 2012. L'ensemble des communications présentées est disponible gratuitement sur le site Web de la WRSA : http://world-rabbit-science.com/WRSA-Proceedings/Congress-2012-Egypt/Egypt-2012-a.htm

Au total 203 communications ont été présentées soit nettement moins qu'au congrès précédent (à Vérone en 2008) qui certes avait battu un record avec 282 communications. Le nombre de participants au congrès a été également beaucoup plus faible qu'en 2008: environ 240 contre près de 550 quatre ans plus tôt. La France était représentées par une délégation de 25 personnes contre 50 lors du congrès de Vérone. Pour la fréquentation, il faut toutefois souligner que la situation politique a été incertaine en l'Egypte pendant toute la préparation du congrès. Initialement prévu au Caire, il s'est d'ailleurs finalement tenu à Sharm El-Sheikh pour des raisons de sécurité. A ce facteur il faut ajouter l'éloignement par rapport aux principaux pays du sud de l'Europe producteurs tant de lapins que de recherches sur cet animal (Italie, France, Espagne principalement). L'organisation générale du congrès a été d'un un peu moins bon cru que les éditions précédentes en raison d'aléas sur les réservations et les transports aérien notamment, et du manque de temps pour apprécier les posters pendant le congrès lui même.

L'objectif de cet article est de réaliser un bilan général de ce congrès, en détaillant d'abord le contenu des conférences invitées puis celui des tables rondes et enfin celui des communications courtes.

Dans leur ensemble; les communications ont été signées ou cosignées par des chercheurs publics ou privés travaillant dans 30 pays différents. Ainsi 24,8% de communications ont été signées ou cosignée par l'une des équipes travaillant en Espagne. Les proportions équivalentes ont été pour les autres pays : France 19,1% - Italie 16,6% - Egypte 14,0% - Hongrie 12,4% - Chine 8,8% - Algérie 8,3% - Nigeria 5,7% et Tchéquie 4,1%. Dans l'ordre décroissant d'importance viennent ensuite le Portugal - la Pologne et l'Argentine - la Belgique et l'Allemagne - la Bulgarie, les USA et l'Arabie Saoudite, et enfin les pays n'ayant signé ou cosigné qu'une seule communication : Bénin, Bolivie, Brésil, Canada, Croatie, Haïti, Inde, Mexique, Pays Bas, Pérou, Roumanie, Suède et Tunisie.

Les proportions ci-dessus ne sont pas cumulables puisqu'une même communication peut avoir été signée par des équipes de plusieurs pays. Si l'on s'en tient au pays du premier signataire de chaque communication (figure 1) , on arrive à un total un peu plus faible de 23 pays, mais l'équilibre des 10 premiers pays n'est pas modifié

 
Figure 1 : Nombre de communications présentées au Congrès d'après le pays du premier auteur
( pour ce graphique, seuls sont pris en compte les pays ayant présenté au moins 3 communicatons)
CONFERENCES INVITEES (rapports de synthèse) et TABLES RONDES Au total 8 conférenciers ont été invités à présenter un rapport général dans les diverses disciplines (tableau 1), soit un nombre identique au précédent congrès mais moins élevé comparé aux 2 qui ont précédé (13 à Toulouse 1996 et Valence 2000). Ces 8 conférences invitées ont été présentées oralement en séance plénière devant l'ensemble des congressistes.
Conférences

Tableau 1 : Liste des conférences invitées

Auteurs (appartenance)
Disciplines
Titre
 M. Piles, M. Baselga
 (Espagne)
Génétique
Les programmes de sélection pour améliorer les performances de reproduction mâle et l'efficacité de la production de dose de semence, dans les lignées paternelles : faisabilités et limites.
 JJ. Pascual, C. Cervera, M. Baselga  (Espagne)
Reproduction
Sélection génétique et répartition de l'utilisation des nutriments chez les lapines reproductrices
 S. Combes, L. Lamothe-Fortun,
 L. Cauquil, T. Gidenne (France)
Physiologie
digestive
Contrôle de l'écosystème digestif du lapin pour améliorer l'efficacité et la santé digestives.
 S. Oseni (Nigeria)
Gestion et économie
Production de lapin en Afrique dans des système à faibles intrants : perspectives, défis et opportunités
 A. Trocino, J. Garcia, R Carabano,
 G. Xiccato (Italie, Espagne)
Nutrition
Rôle des fibres solubles dans l'alimentation des lapins en croissance : Synthèse.
 Zs Szendrö(Hongrie)
Ethologie, Bien-être et Logement
Nouvelles perspectives de logements de reproduction et de croissance en lapin.
 F. Agnoletti (Italie)
Pathologie et Hygiène
Troubles digestifs : statut, traitement et prévention.
 M. Petracci, C. Cavani (Italie)
Qualité de la viande et sécurité
Tendances actuelles dans les techniques d'abattage et de transformation de la viande de lapin
 

 

Le nombre de tables rondes n'a été que de 4 au lieu de 6 au congrès précédent. (tableau 2). Les trois premières se sont tenues simultanément le premier jour et la quatrième en fin d'après midi le deuxième jour du congrès en même temps que l'assemblée des délégués de la WRSA.

Les comptes-rendus plus ou moins officiels de ces tables rondes ne sont, à ce jour, pas encore disponibles sur le site de la WRSA.

 

Tableau 2 : Liste des tables rondes

Tables rondes
Animateurs (appartenance)
Thème
Titre
 L Maertens (Belgique)
Comportement et systèmes de logement
Futur logement dans les élevages commerciaux au vu de la législation, du bien-être et les attentes de la société
 AH Daader et IFM Marai (Egypte)
Economie
Le rôle possible de la production de lapins dans les pays en développement
 D. Licois (France)
Pathologie
Les anticoccidiens et les solutions alternatives pour lutter contre les coccidioses du lapin
 G. Salah, B. Besbes, H. Garreau
 (Egypte, FAO, France)
Génétique
Ressources génétiques dans les pays en développement: utilisation, conservation et programmes d'amélioration génétique

COMMUNICATIONS COURTES

1- Aspects quantitatifs et impact scientifique de chaque nation


Au plan quantitatif, le Congrès de 2012 a été moins productif en travaux pour le lapin, en effet, 195 communications courtes ont été finalement retenues contre 274 pour le précédent congrès. Au total une dizaine de projets de communications ont été refusés par le comité de lecture et la grande majorité a été accepté après prise en compte des modifications suggérées par le comité de lecture. Quelques communications de qualité "insuffisante" sont cependant passée à travers les mailles du filet, mais cela reste une petite minorité.

 

2- Impact des différentes disciplines Pour juger de l'impact des différentes disciplines présentées à ce congrès, nous avons effectué un décompte en reprenant la liste des communications figurant sur le site de la WRSA (cf. tableau 3).
On peut remarquer une baisse générale du nombre de communications par rapport au précédent congrès. L'ensemble des thèmes Nutrition et Physiologie digestive, Génétique et Reproduction domine largement, il représentent 58 % des communications. On note la disparition du thème lié à la production de fourrure et de poil.


Figure 2 : Nombres de communications courtes en fonction des disciplines et des années
Tableau 3 : Nombres de communications courtes en fonction des disciplines lors des derniers Congrès
Disciplines
2012 : Nombre total
de communications
courtes*
Evolution du nombre de communication** lors des 4 précédents congrès :
2008, 2004, 2000 et 1996
- Génétique
40
N= 44, 25, 27 et 32
- Reproduction
32
N= 36, 29, 30 et 25
- Pathologie et Hygiène
19
N= 45, 38, 27 et 20
- Nutrition et physiologie digestive
42
N= 66, 66, 61 et 50
- Technique d'élevage et économie Elevage en zone tropicale et systèmes alternatifs (+session FAO)
21
N= 28, 18, 32 et 32
- Croissance et qualité de la viande
21
N= 31, 18, 18 et 28
- Ethologie et Bien-être
20
N = 25, 12, 8 et 7
- Production de fourrure et de poil
0
N = 0, 9, 8 et 13
Total  
195
N= 275 , 215 , 211 , 207
*: décompte des communications d'après la liste des communications figurant sur le site de la WRSA
** : chiffres pour les 4 précédents congrès mondiaux  (Vérone, 2008 - Mexico, 2004 - Valence, 2000 - Toulouse, 1996).
  L'impact quantitatif des différents pays est très variable selon les disciplines. Ainsi, l'Espagne domine nettement les études sur la génétique (N= 11 sur 40 soit 28%) suivis par la France et l'Egypte (N= 7 et 6) puis la Chine et le Nigeria (N= 5). Les communications concernant la reproduction sont réparties sur 2 pays : Egypte et Algérie (N = 8 chacun) suivi par l'Espagne (N = 4) et la France (n=3). Les études concernant la Nutrition et la Physiologie digestive sont majoritairement françaises (n= 8) puis viennent l'Italie (N = 5), la Hongrie, l'Egypte, la Chine et la République Tchèque (4 communications pour chaque pays). Les travaux en pathologie sont dominés par l'Espagne et l'Italie (n= 7 et 3). Les études sur le comportement et le bien-être sont réparties sur 3 pays : Espagne, Italie et Hongrie (N= 5, 5 et 4), suivi par la France avec 2 papiers. Les communications sur la qualité de la viande sont dominées par les équipes espagnoles et italiennes (n=4 et 5). Par ailleurs, la majorité des études en conduite d'élevage et économie sont répartie sur 4 pays principaux : Italie, Espagne, Chine et Argentine (N = 3 chacune).
3- Résumé des principaux thèmes traités dans les différentes discipline Comme par le passé, l'originalité et la qualité scientifique des travaux sont très variables. Pour chaque section disciplinaire, nous nous intéresserons succinctement aux principaux thèmes traités, ou marquants par leur apport de connaissances originales.
3.1 Génétique

De nouvelles connaissances ont été apportées sur trois thèmes concernant la génétique :
- Des travaux visant l'amélioration de la connaissance moléculaire avec peu de solutions applicables pour l'instant, prédominance de la Chine dans ce domaine.
- Des travaux focalisés sur la variabilité génétique et la sélection des caractères.

A noter 2 communications sur l'homogénéité des performances : Poids à la naissance sur la base d'une sélection divergente. Des travaux apparaissent sur l'héritabilité de la résistance aux maladies et de l'efficacité alimentaire.
- L'étude de races, génotypes ou populations localement disponibles (en Espagne, Tunisie, Inde, Egypte, Algérie, Hongrie, Pologne, Nigéria par exemple) permettant ainsi de choisir les animaux en fonction des besoins de production et d'environnement.

 

3.2- Reproduction

20 communications concernaient la physiologie de la lapine reproductrice notamment des travaux sur l'oestrus et son induction, l'impact des facteurs environnementaux, la physiologie. Des communications portaient également les facteurs génétiques, techniques et l'impact de la production laitière sur la reproduction. Seuls, 5 papiers ont été consacrés spécialement aux mâles en relation avec leur comportement et les facteurs pouvant influencer la production spermatique. Les autres communications concernaient les biotechnologies de la reproduction : mesure de la maturation des ovocytes, conservation de la semence et développement des embryons in vitro.

 

3.3- Pathologie et hygiène

Une majorité de travaux ont concerné les bactéries classiques : 4 sur les Staphylococcus aureus, 2 sur Salmonella thyphimurium, 2 sur Escherichia coli et une consacré à Pasteurella multocida. Trois communications sur les maladies virales : VHD, myxomatose et un nouveau virus de la famille des Herpesvirus identifié au Canada. Les autres papiers portaient sur des enquêtes terrain et sur des travaux de recherches expérimentales.

 

3.4- Nutrition et Physiologie digestive

La moitié des communications était consacré à la physiologie digestive en particulier la relation entre la santé des lapins et le fonctionnement du caecum. On remarque une apparition des techniques de mesures moléculaires allant de l'immunité à la caractérisation du microbiote. L'impact des nutriments sur la digestion, la croissance et la santé digestive a fait l'objet de différents papiers. Par ailleurs, des travaux ont porté sur les fibres dites " solubles " dans les aliments et les matières premières.

Une part importante des travaux a porté sur l'étude des matières premières potentiellement utilisables en lapin dans différents pays. Pour la France, les études sur le lupin blanc, le son et la paille de blé dur, la pulpe de chicorée peuvent être intéressantes si la disponibilité est suffisante. 50% des autres communications étaient réparties entre les études sur les besoins nutritionnels, les bénéfices obtenus par la maitrise de l'ingéré alimentaire et l'intérêt de différents additifs alimentaires (MOS, tanins, Spiruline…).

On note une communication sur la présentation des aliments en mash et sur la meilleure connaissance du ratio Eau- Aliment.

3.5- Technique élevage et économie

La majorité des travaux a porté sur la description d'études micro et macro économiques avec plusieurs travaux sur la Chine qui permet de mieux connaitre ce pays. L'image du lapin qu'ils ont " économiseur de céréales " ! Une communication hongroise qui permet d'apprécier les échanges commercaux et la part de chaque pays au niveau de la cuniculture mondiale

Des travaux autour de l'environnement et le développement durable est plus particulièrement sur :
     - Maitrise de la ventilation dans un élevage de lapin.
     - Impact d'un élevage de lapins sur l'environnement.
     - Caractère durable de l'élevage de lapins.
     - Valorisation des déjections.

Enfin, une communication a été mise en lumière sur la présentation d'un lapin biologique produit en Argentine et sur une enquête réalisée auprès de futurs acheteurs de lapins au Nigéria, dans le but de développer la consommation de cette viande.

 

3.6 - Qualité et hygiène de la viande

La majorité des communications portent autour de 5 grands thèmes : les performances de croissance et d'abattage, la valeur nutritionnelle et les caractéristiques physico-chimiques de la viande et son aptitude à la conservation. L'impact de certaines matières premières, additifs ou vitamines dans l'alimentation ont fait l'objet de nombreux travaux. La synthèse met en avant un travail italien autour des voies possibles de la transformation de la viande : goût, forme, couleur… D'autres publications portent sur la promotion de la viande de lapin au travers de la Communication selon différents axes : Santé- Productivité- Praticité ou Bien Etre… l'enjeu semble bien de produire un lapin de QualitéS.

 

3.7- Ethologie et bien-être

La plupart des communications sont européennes, les travaux de l'équipe hongroise de Kaposvar ont permis de réaliser un travail de synthèse sur le logement (impact d'un modèle collectif ou individuel) et l'environnement des femelles en période de reproduction : taille, type de grillage, type de matière pour les plateformes…

D'autres travaux ont porté sur l'enrichissement du milieu via des objets à ronger ou l'ajout de certaines matières premières ou encore de l'impact de la ventilation, la température ou la durée d'éclairement sur le bien-être des lapines.

Deux communications portent sur les jeunes lapines : élevées par paire ou selon des dimensions de cages différentes…

Enfin, la synthèse permet de mieux appréhender l'impact de la taille de groupe, le sexe ou la densité sur le comportement des lapins en engraissement. Egalement le type de sol ou d'alimentation, l'enrichissement du milieu et des systèmes d'élevage ont fait l'objet de travaux intéressants. Des études ont portées sur les méthodes d'évaluation du Bien-être animal selon différents stress.

 

CONCLUSIONS

Globalement, le 10ème Congrès Mondial de Cuniculture a été satisfaisant vis-à-vis de la qualité des travaux même si le nombre de communications a réduit très fortement. La France a présenté plus de communications qu'à Vérone (24 contre 19). L'Espagne prend la 1ère place devant l'Italie cette année avec 35 communications contre 41 soit 18% des communications du congrès suivi par la France en 2ème position ( voir la figure 1 ci-dessus)

Les pays qui organisent le congrès présentent souvent le plus grand nombre de communications. Ainsi à Vérone, l'Italie a présenté 61 communications alors que le nombre s'est réduit à 21 communications cette année, L'Egypte compte 22 papiers contre 14 en 2008 . La Hongrie a publié deux fois moins de travaux qu'au dernier congrès.
Le nombre de travaux est en forte progression pour d'autres pays comme la Chine, l'Algérie, la République Tchèque, la Pologne et des pays émergeants prennent une place non négligeable comme le Nigéria aux travers des universités ou des laboratoires qui s'intéressent de plus en plus au lapin.

La place de la Recherche Cunicole Française malgré un nombre de plus en plus réduit en terme de moyens voient cette année une belle progression du nombre de communications représentant 12% des communications (7% en 2008 et contre 14% en 2004). Notre présence est fortement marquée en Nutrition et Physiologie digestive (7 travaux) et en Génétique (7 publications) suivi par la Reproduction (3 papiers).

 

Prochain Congrès

Lors de l'Assemblée Générale de la WRSA, il a été décidé que le prochain Congrès Mondial de Cuniculture se déroulera en Chine en 2016, à Qingdao dans la région de Shandong.

Ce sera pour nous tous l'opportunité de mieux connaitre ce pays qui annonce des croissances à deux chiffres.

 

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